Quand je m'interroge au sujet des grands champions français de l'Histoire de la Boxe Anglaise, je pense immédiatement à Marcel Cerdan et dans une moindre mesure Georges Carpentier, indétrônables. Il va de soi. Mais ensuite... Qui pour compléter ce podium ?
Et bien pour ma part aucune hésitation... Laurent Boudouani, sans conteste le plus grand boxeur que nous ayons connu depuis Marcel Cerdan. J'omets à dessein Jean-Claude Bouttier, qui fut un très bon boxeur, mais jamais champion du monde et surtout moins doué, plus besogneux.
Laurent Boudouani avait tout, le style, une boxe aérienne, intelligente, le punch indispensable à ce niveau et les titres qui resteront. C'est ça le plus fou. Il était tellement unique, et pas qu'en France, qu'il éclaboussait la boxe mondiale de son immense talent. Je sais que plus personne ne se rappelle qu'il fut médaillé d'Argent aux Jeux Olympiques en 1988, qu'il fut ensuite champion d'Europe contre les meilleurs (Javier Castillejo notamment), puis du monde contre les plus dangereux de la catégorie Super Welters (Julio Cesar Vasquez, Guillermo Jones, Carl Daniels). Mieux, qu'il défendit victorieusement son titre en terrain hostile, aux Etats-Unis, malgré le piège tendu par une triplette de juges acquise à la cause de son adversaire, protégé de Don King. Le dernier français d'ailleurs à avoir réalisé cet exploit. Et pourtant, qui évoque encore son nom, sa légende... ?
L'histoire s'écoule ainsi, goutte à goutte, en toute injustice, et chacun l'a depuis longtemps oublié, mais pas moi.
Laurent, tu n'es pas oublié, tu es dans le coeur et la mémoire de l'amoureux du Noble Art que je suis. Pelé des rings, joueur de claquettes, artiste capable de mettre ko tes adversaires en dansant, délesté du superflu, de la hargne si souvent mauvaise conseillère (époque terrible et furieuse des Julian Jackson, Gerald Mc Clellan, Nigel Benn, Chris Eubank, Michael Watson qui fit tant de dégâts), tu étais tout cela, en deux trois touches déliées, de la délicatesse, de la vraie, dans un monde de brutes, pour accoucher de petites oeuvres d'art en somme. Et ça, c'est un don du ciel que tu avais. Merci Laurent !
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