Nombre total de pages vues

Rechercher dans ce blog

samedi 2 janvier 2021

Nos limites 1994



La première image ?
LA nuit, le froid, un chien qui renifle avec énergie mes chevilles offertes...
J'ai eu 2 compères et 3 alliés ce soir là.
Les compères ? David et Abdel.
Les alliés j'en parle plus loin.
Je l'ai raconté quelques fois. A des copains. A des "pôôôtes" comme on dit.
Après coup, tu es toujours fier, tu en rigoles.
Mais la rigolade, c'est toujours après.
On est parti pour Breda. Aller Retour 2h 30 max. Le jeu en valait la chandelle. 
J'ai pris mes responsabilités (ou alors j'étais fou) et nous sommes revenus.
Tout se passe sans accroc jusqu'au poste frontière.
Jusqu'au contrôle.
"D'où on revient" qu'ils nous demandent.
Jouer la franchise. Ca paye souvent. "Breda. Back home".
On nous laisse repartir après une visite éclair de l'habitacle et du coffre  Détente de courte durée.
Quelques kilomètres plus loin, un escouade de motards nous escorte jusqu'à une aire d'autoroute.
Là c'est le branle-bas de combat, l'idée c'est nous sortir le grand jeu.
Chacun sort de son côté avec un douanier attitré, attention des plus délicieuses.
Rien ne sera laissé au hasard. Non, non, non. 
Je suis sorti un peu après David et Abdel.
Je vois déjà comment leurs "frotteurs" s'acharnent sur les chaussettes, leur demandent d'enlever les chaussures.
Le mien, allez comprendre, s'arrêtera juste avant mes chaussettes, où tout commençait, où tout pouvait finir. Manque de zèle. Bon il n'y avait probablement pas de quoi croupir en prison pour le restant de mes jours mais peut-être me retrouver privé d'achever tranquillement mon cursus ou juste de passer une sale nuit au poste. Bref, toute perspective potentiellement désagréable à vivre.
Mais les Dieux étaient avec moi. Mon père m'a souvent dit "Tu as toujours eu le cul bordé de nouilles fiston". La veine, ce soir là, fut mon plus grand allié. Le premier de la soirée. Chance d'avoir été sur la banquette arrière, chance d'être tombé sur le douanier le moins méticuleux de tout le département.   
Là, évidemment, je me dis que c'est fini. Mais un autre douanier, le petit chef, plus déterminé que les autres, vient vers moi et me dit comme ça, sèchement : "on vous a fait le coup du Chien ?"... Je visualise l'os de mon tibia rongé de près.
Il faisait froid et j'ai pensé "le vent glacial, le vent mauvais, feront l'affaire".
Que ça permettait de donner le change pour les douaniers. 
Ne pas laisser penser que le stress en était la cause, une peur bien réelle de se faire enquiquiner.
Le froid. Le froid. Seule raison. Et la chance têtue, qui ne me quitterait jamais, quel que soit leur acharnement à faire mentir cette réputation.
Le chien s'est approché, nerveux. Sa laisse a été détachée, il piaffait, s'est rué comme un seul homme sur mes pompes.
Quelques heures plus tôt, il était question d'aller faire un tour à Breda pour ramener un cadeau d'anniversaire à Sem la pagaille. C'est le deuxième allié précieux de la soirée. Pour un copain, on ferait n'importe quoi. Jusqu'à l'inconscience. et l'inconscience est peut être le corolaire du premier allié dont on a déjà parlé : la chance. Quand on est déterminé qui plus est pour une bonne cause, alors rien ne peut vous arriver si ? Surtout à un âge où l'on joue avec ses limites, les frontières physiques ou intérieures, tant qu'on n'a pas fini de se chercher... Un des repères, c'est alors la fidélité en amitié, et les preuves de cette dernières. On était en plein dedans. Voilà pourquoi le deuxième allié, c'est la croyance que parce qu'on fait tout cela pour une bonne cause alors rien ne peut vous arriver de mal.     
Le trosième et dernier allié c'était ce putain de clebs. Remercier son grand âge ou l'imposture vivante qu'il était à coup sûr. Flair en berne, je ne sais pas... Ou alors le genre qui m'avait à la bonne. Que j'avais bien connu dans une vie antérieure ? Je sens encore sa truffe collée sur mes chaussettes pleines et puantes... Mais rien de rien ne s'est passé, j'ai toujours aimé les chiens. Je crois qu'ils me le rendent bien.
          
Une zique de l'époque ? Elles sont légion mais Tenor Man aimait bien le radiocassette de ma Volvo 464.  Seulement ce soir là, c'est la caisse de David qui vécut avec nous cette aventure trépidante. Terminus et dénouement heureux à l'anniv de Sem. Que demande le peuple ?

Alors s'il est question d'une zique emblématique de l'époque, je ne pourrai jamais ne pas réécouter la version live de Slippin into darkmess de WAR. Ce soir là j'ai pas été loin d'y glisser l'air de rien. 


 
  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire