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vendredi 23 octobre 2020

Fragile été 1987

 


Esbjorn Svensson, Michael Brecker, Pat Metheny et Sting pour l'inspiration...
En 4 noms, 2 décennies précieuses et douloureuses et indispensables de ma vie quelconque, pareille à tant d'autres... C'est en même temps dans ce qu'on partage le mieux de trivial et d'imbécile qu'une renaissance se fait jour le plus simplement du monde.   
Metheny et mes explorations sans frontières, mes roaring eighties, ma B.O.F intime la plus tangible de l'époque. Brecker même combat en débordant un peu sur les années 90 et les Brecker Bro naturellement, Michael et Randy, avec Benson ou Sandborn. Ils sont alors de toutes les fantastiques tentatives de renouvellement d'un jazz qu'il soit rock, free ou d'ascenseur.  Svensson est arrivé dans mes oreilles après,  fin des années 90, début des années 2000, je dirais... Sting recouvre et rejoint tout, c'est le skah, le rock, la pop, et puis l'on se revisite ainsi ni pop, ni Police, juste une grâce des plus totales, notamment sur ce morceau qui rappelle combien il faut aimer, choyer, protéger, chérir la toute petite lumière, si vacillante, de nos vies éveillées, le temps d'un souffle, aussi rauque fut-il, le jazz c'est ce droit à l'expression libre, dans une langue qui naît à l'aube de l'humanité, dans le souffle qui passe sur les feuilles d'un arbre, la musique ensorcelante de la pluie sur les rochers, tout passe alors, tout doit passer, d'intuitif, de tactile, de respiratoire, d'incandescence.
L'été 87, j'ai beaucoup écouté Nothing like the Sun, c'était aussi le temps de Midnight Oil et son beds are Burning. Ce mois d'août , la famille était encore soudée, au complet, même si sourdaient les changements à venir, sociétaux comme intimes, familiaux.

Un exemple frappant de cette époque d'une autre vie : c'est cette rencontre avec 2 vacanciers allemands, revenus dans ce petit village du sud de la France le temps d'un été pour rendre visite à la grand-mère de l'un d'eux, ayant vécu une histoire d'amour avec l'occupant pendant la seconde guerre mondiale. On sympathise, mais on sent que dans le souvenir et l'intimité des anciens, dans la famille, couve encore une forme de distance, de méfiance avec les "boches". Le passé est encore frémissant, certaines plaies à vif, mais les trente glorieuses ont permis à tant et tant d'Européens de se retrouver des points communs, des envies de plein emploi, de voyages, une capacité rare à se bercer d'illusions, à se convaincre que les années qui viennent seront à l'image de la fin des années 60 puis des années 70, insouciantes et jouisseuses, que les générations d'après seront encore plus à l'aise sur le plan matériel et heureux de vivre dans ce monde fantastique qu'on leur laissera, que la guerre ne reviendra jamais, que la Terre sera devenue ce lieu sûr emprunt de fraternité qu'ont appelé de leurs voeux nos parents alors quarantenaires sur les photos d'août 87 en compagnie de ces amis allemands compagnons d'un été...              

Le mur de Berlin tombait d'ailleurs 2 années plus tard, finie la guerre froide, le paradis semble alors à portée de main... Et pourtant...  C'était déjà les prémices d'un changement de monde via la mondialisation d'abord espérée, adulée, avant que chacun ne déchante... Il faut à chaque instant se garder de conclusions  hâtives et d'enthousiasme trop béat.

Je crois que cette version de Fragile, la façon dont les musiciens la revisitent dit beaucoup de tout ce qu'a laissé croire à tort cette époque illusoire au coeur de laquelle le titre et l'album de Sting était sorti.

Je ne sais pas vous mais quand je réécoute Fragile, Sister Moon, ou Be still my Beating heat, je revis cet été 87, et vu d'ici, maintenant, l'époque ne produisait que du faux, n'était qu'un mirage, et reste le sentiment de m'être bien fait avoir...



Ceci n'enlève rien à ce que j'adore chez STING. Cette capacité à se renouveler, explorer de nouveaux horizons comme avec l'aventure des Blue Turtles et son fabuleux Bring on the night  !

 




   


  
 
        

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