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jeudi 31 décembre 2020

109 millions de sangrias. 2010

La première image ? Moi découvrant dans un rayon de la FNAC ce divin recueil de nouvelles signé FX TOOLE. Une claque et une rencontre dans un lieu où je me suis toujours senti chez moi. En sécurité.  

La vie nous en fait de belles, c'est ce qu''il faut en retenir. Jamais d'amertume. Remercier d'être là, d'être qui on est, d'avoir le parcours qu'on a eu. Sentir un peu comme le personnage incarné par James Stewart dans La Vie est Belle que sans nous le monde aurait été bien différent. Alors qu'importe si nos idées n'ont pas été reconnues, encouragées, qu'importe qu'on nous ait "pris", "emprunté" des projets d'écriture... Peu importe puisque la petite flamme intacte à l'origine de ces naissances, est toujours là bien au chaud quelque part derrière mes côtes flottantes, sous mon crâne en joie. 

Il y a fort longtemps, donc, j'ai gardé contact avec un ami de l'EDHEC devenu producteur de ciné après avoir enchaîné après notre école sur la FEMIS.

On était assez proche, il y avait bien sûr le lien associatif (ETNA) mais aussi la mort prématurée de 2 de mes amis de promo qui avait scellé comme un truc fort. Ce que je pensais en tout cas.

Un lien renforcé par ma passion pour le ciné et le fait d'avoir tenté à mon tour la FEMIS après l'EDHEC (sans succès me concernant).

Tout ceci m'amène à ce qu'il me parle un jour d'une envie forte : adapter une nouvelle sur la boxe anglaise pour le cinéma. Il cherche, il sait que je m'intéresse depuis toujours à la Boxe. Il a pensé à adapter Le Boxeur manchot de Tennessee Williams.  Je viens de lire alors un recueil fabuleux (La brûlure des cordes, FX Toole) qui sort à peine (on est en 2002) et lui suggère immédiatement d'adapter une de ses nouvelles dont je suis tombé amoureux. Un truc terrible, qui donnerait sur grand écran un sacré film. J'en suis convaincu. Il ne donnera pas suite et ne produira finalement aucun film sur la boxe. Mais quelques années plus tard (2005), il vient pour un rendez-vous pro à Studiocanal où je travaille alors et me dit avoir pensé à moi depuis notre dernière entrevue et pour cause : la nouvelle dont je lui avais parlé s'intitulait Million Dollar Baby et Clint Eastwood avait immédiatement flairé le potentiel en rachetant les droits et en accouchant du film éponyme multi primé. Le genre d'histoire qui vous redonne un peu confiance en vous. Utile quand vous en manquez.  

Le temps file et je fais lire à ce copain un scénario de moyen métrage que j'ai écrit et qui me tient à coeur. Ca s'appelle Sangria au 109 et il a souvent plu à celles et ceux qui l'ont lu à l'époque. c'es un univers fantastique, poétique, contemporain, qui parle de vampires dans un Paris entre gris clair et gris foncé. Mon histoire culmine avec une scène une peu suicidaire qui voit mon héros, jeune vampire avec des problématiques adolescentes, quitter son repaire en tenue de motard, poussé pr son amoureuse, puis retirer tout son attirail au petit matin pour se mesurer au soleil.  A l'époque, le copain en question me suggère de rebosser le sujet qu'il trouve intéressant dans la direction d'une histoire plus "naturaliste" autour d'enfants de la lune. Et puis plus rien, aucun signe de vie, jusqu'à ce que je vois le film de son épouse sortir en 2010... Un film qui aborde le sujet des enfants de la lune avec une figure de père absente et ces mêmes problématiques adolescentes.  Une histoire probablement inspirée ou au moins stimulée  par sa lecture de mon Sangria au 109 et de ces échanges restés lettres mortes. Le héros du film s'appelle d'ailleurs Romain. Devais-je y voir un remerciement discret ?... Pourquoi ne pas m'avoir impliqué dans l'élaboration du projet ? Je regrette vraiment toutes ces occasions ratées mais elles sont toujours le terreau des vraies belles histoires. Celles qui vous redonnent la foi en vous-même. En vos valeurs.                

En remontant subrepticement par la pensée à l'époque de cette rencontre, au sein d'ETNA à ces moments de communion et de douleur après la perte de Cédric et Seb, me revient la bande son d'évidence de cette époque, c'est le son furieux couvrant le final du premier Year Movie de l'histoire d' ETNA. C'était Kamarad de FFF, cyniquement resté un mot creux pour certains de ces ex compagnons de route.  Mais qu'importe... pourvu qu'on ait la tendresse de s'en souvenir. De se souvenir de ces copains partis, de ceux qui sont restés, et de rester fidèle à ce qu'on est. En toute sérénité.


De cet album fétiche de mes 18 et 19 ans, Maman Krié résonne également, toujours aussi fort. Comme l'écho d'une mère absente.


Et lorsqu'on s'aventure sur ces chemins pour cette époque là, je ne peux pas ne pas réécouter Gil Scott Heron et son magistral Who'll Pay réparations on my soul


Pour finir, puisque j'ai commencé sur le Year Movie, une constante de l'époque pour l'inspiration c'est aussi Midnight Cowboy naturellement !


 

    



Cognac 2004.

La première image ? La sortie de la séance. A l'atterrissage. En 2004, me voilà au festival de Cognac. J'y suis sans autre objet que de voir des films, d'y repérer des oeuvres, un réalisateur, quelque chose qui inspire, qui ait du potentiel. C'est pour ça que je suis venu.

A vrai dire, pour la première fois, sans que je m'en rende compte, je suis payé pour faire ce que j'aime le plus au monde. J'ai passé du temps quelques années plus tôt à tenir les listings de films de ma mère lorsqu'elle a tenu le premier club video de Casablanca. J'en ai alors bouffé du film, avec passion. De Monty Python à Dario Argento. Mon histoire d'amour ça a toujours été le cinéma. Rien de plus fort dans tout ce que j'ai pu ressentir. Plus tard, me suis oublié dans les salles obscure de Vélizy (la caissière du cinéma de l'époque doit se rappeler de ce petit bonhomme qui venait tout le temps, tout seul qu'il vente, qu'il pleuve, séance du samedi minuit, le soir en semaine parfois) puis de Paris lorsque je suis rentré en France. C'était mon refuge, la fameuse cabane sur la plage qu'on vous invite à retrouver en rêve lorsque vous méditez fébrilement.

Ce jour-là, je travaillais, mon travail consistait à voir des films. Et je ne réalisais pas mon bonheur.

Or il n'y a que le cinéma pour me rappeler lorsque je suis perdu, en manque de repères et de confiance, que lui et moi nous avons une relation si unique...

Je décide un peu au hasard d'aller voir un film danois. Martin pluvieux. Le film est le deuxième opus d'une trilogie dont je ne connais même pas le premier volet.

L'expérience vécue dans une salle où nous étions de mémoire 2 ou 3, je m'en rappelle encore... J'étais physiquement transformé, je flottais en ressortant dans la rue.

En rentrant à Paris, mon hiérarchique arrête la lecture du DVD que j'avais ramené, me regarde, et tranche "tu perds ton temps, les films de l'est ça ne marche pas en video"

L'acteur principal, c'était l'encore méconnu Mads Mikelsen et et le réalisateur Nicolas Winding Refn. Ils ont fait du chemin depuis. Quant au film, c'était Pusher II With Blood on my hands. L'une de mes  grandes scènes de fin préférées au cinéma.

Le genre d'expérience qui ne s'oublie jamais.