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dimanche 31 janvier 2021

The look of love. urt. 2011

Première image ? Les petits cris, des murmures, de ces petits chats nés dans l'ancienne remise à bois Urtoise sous le jardin d'Hiver. On est en hiver. Nous rentrons d'Afrique. 

Lorsque nous sommes revenus nous installer 2 ans au Pays Basque, la Mason abritait une famille de chats un peu sauvages. Leur compagnie fit du bien à Nahia mais à nous dans cette grande maison un peu impressionnante. On en prenait soin, cette petite famille était devenue notre famille. Une présence réconfortante. Un indéfectible lien.

Ma mère est très "chats" comme l'était Mamie Rosine. 

Mais d'où vient que les mamies et les SDF (c'est un fait, plutôt des chiens d'ailleurs) partagent un goût immodéré pour les animaux "de compagnie" ?


La solitude ? Sûrement ! Une forme d'isolement que nos sociétés occidentales favorisent probablement lorsqu'on vieillit, lorsqu'on sort du "jeu social". Dans ce cas, SDF ou troisième âge, même sentence.

J'y vois aussi la recherche d'un regard. Du regard qui vous soulage quand d'autres oeillades vous font vous sentir vieux, malade, sale, gros ou pas digne d'être fréquenté... Les regards tuent souvent plus que des maladies.


Un regard peut guérir l'âme. Le regard du chien ou du chat ne fait pas de différence entre le nanti et le désoeuvré, Il ne fait pas de discrimination, pas de jugement à l'emporte pièce, l'amour pour son maître est globalement (la reconnaissance du ventre mise à part) inconditionnelle.

Ce regard qui ne juge pas fonctionne comme une thérapie qui tout en lui donnant des responsabilités vis-à-vis de l'animal enveloppe le maître de cette même affection. Une sorte de rempart de tendresse face au monde extérieur.


C'est en cela que j'y vois plus clair : pour faire appel aux mêmes compagnons de route, la vieillesse et le nomadisme des SDF répondent au même sentiment d'exclusion par le regard des autres, de leurs prochains. Ils vont retrouver la fraîcheur et la véritable empathie dans celui d'animaux qui "ne les jugent pas". Ce regard c'est un peu ... The look of love






samedi 30 janvier 2021

Mes anciens succès du temps passé 2006

Un temps sur Canal, il y a eu Les nouveaux explorateurs (coïncidant à quelques années près avec l'arrivée aux manettes de Bolloré "l'Africain"). Pourquoi ne pas avoir intitulé ce concept Les nouveaux exportateurs ou Les nouveaux exploiteurs ?


Depuis quelques années, les docus sur le voyage se sont multipliés, ont pris le pli du marketing, de la segmentation tous azimuts (cuisine, street art, mode, onglerie... ), du sur-mesure pour des stars délocalisées qui vont fendre l'armure en gros plan Cinémascope, oubliant jusqu'à l'équipe et les caméras gourmandes qui les enserrent en permanence...   

J'ai beau chercher, je ne reconnais la noblesse que d'un concept en la matière, c'est le fameux J'irai dormir chez vous. Ce "Monsieur je voyage seul" ne compte que sur lui-même pour faire des rencontres. En rase campagne,  en zone urbaine, il partage quelque chose d'évident avec les personnes rencontrées. Pas de rapport inconscient de force. Quoi de mieux pour faire de vraies rencontres qu'être seul ? Un homme orchestre ! Ajoutez à cela un dispositif expérimental de caméra embarquée et vous n'êtes pas loin d'un rendu cinématographique ultra séduisant à mi-chemin entre C'est arrivé près de chez vous et le film d'horreur allemand Schyzophrenia (que je conseille au passage pour le traitement visuel innovant qu'il propose). On peut même en certaines extrémités imaginer comment Cannibal Holocaust peut naître sur la pellicule...


Je n'aime en revanche pas l'esprit et la démarche de toutes ces autres émissions qui se disent vouloir vous emmener vivre aux côtés d'autochtones pour en faire partager les spécificités culinaires, culturelles, que sais-je encore... Avec en permanence, des passages obligés dont l'incontournable clin d'oeil complice à la caméra ponctué d'un "délire" parisien ou la sempiternelle séquence d'émotion au moment convenu des séparations. Il suffit alors d'imaginer le caméraman et le perchiste hors champ en train de zoomer sur la paupière humide du local de l'étape que vous vous apprêtez à quitter... Alors voilà, vous rentrez chez vous non sans un certain soulagement, forcément pressé de retrouver les vôtres, de prendre une bonne douche chaude, puis de rallier un plateau de Boulogne où vous raconterez, la gueule enfarinée, comment vous avez dû arrêter le reportage au moment du décès d'un des villageois histoire de respecter la tranquillité et le deuil de vos hôtes... Pourquoi rester quand la fête est gâchée ? Quand les mauvaises énergies se pointent... 

Voilà de vraies formes de néo-colonialisme où la caméra et l'audimat ont remplacé la Bible et la croix. On pervertit pour mieux convertir ces autochtones à la société du spectacle en leur faisant comprendre qu'ils ont tout à gagner à parler distinctement et en souriant devant la caméra, A la fixer pour mieux regarder dans les yeux les millions de petites têtes blondes dans quelques cités d'Occident et véritablement émues comme devant ce qui a toutes les caractéristiques d'un documentaire animalier.

Ce faisant, on les conditionne, on les habitue à la présence d'une caméra comme auparavant à la nécessité de vouer un culte au fils de Dieu à la peau blanche.

Non, il ne faut pas se leurrer, les plus belles histoires de rencontres sont celles qui se feront toujours quand on est seul et à l'abri des regards indiscrets, en toute quiétude, sans autre objectif que d'être là avec l'autre pour partager des moments d'égal à égal. C'est l'ambition d'un programme comme J'irai dormir chez vous. je crois que tous les autres auraient intérêt à s'en inspirer. De cette alchimie particulière naît la magie des belles rencontres.

La bande originale de ces belles rencontres, c'est toujours celles qu'on fait seul sur le marché Mokolo...  Une échoppe, un échange, un vieux CD au titre évocateur : Mes anciens succès du temps passé. Et l'on  plonge avec délice dans GG Vikey, Mbilia Bell, Franco,  Zao ou Petit Pays...






  

jeudi 28 janvier 2021

Ballad for a child. New-York 2009

 


Dimanche 10 août de l'an de grâce 2009.

Il est 8h00. Kira et Mia me rejoignent, nous buvons le café puis direction Brighton Beach.

Matinal, le soleil s'est invité sur le bord de mer. Du polonais plein les oreilles, j'apprends avec plaisir que Requiem for a Dream (Darren Aronofsky, 2000) s'est tourné dans le coin. Puis Adonis et Dorian - mes interprètes trouvés sur le net - arrivent, solaires. Jamais de hasard.

Ne reste plus à Brad Mehldau qu'à guider nos pas dans le sable roux et frais de Brooklyn-sur-mer. Je découvrirai un an plus tard que la version originale est de Radiohead mais on ne m'ôtera jamais l'idée que la version de Brad ne vieillira pas, intemporelle ritournelle débarrassée des tics-rock-indé du début des années 90... C'est d'ailleurs elle qui fut mon inspiration pour l'histoire quand elle vint se coucher sur le papier toute seule, en grande magicienne.



lundi 25 janvier 2021

Marcel Roby : Foot, Pento et cicatrices 1989

La première image ? la sensation du sang chaud qui coule le long de mon avant-bras. Couloir de l'internat. Pendant l'étude. Juste avant il y a eu le bruit sec de la vitre épaisse de la classe qui éclate. je ne ressens pas encore la douleur... Ses voies, son chemin, ne sont connus que d'elle.   

Oublier ce qu'on a vécu de plus beau, c'est un métier.

Le foot est rentré dans mes veines un soir de 1982 à Urt. Un souvenir comme il en survit assez peu dans une existence.

Les fournisseurs officiels de cette émotion ne seront jamais assez remerciés. Une époque de Coupe du Monde qui était aux balbutiements de la machine à fric qu'elle est devenue. Imaginez que la mascotte c'était NANANJITO ! Qui s'en souvient ?

Pour une fois le foot et le cinéma si cher à mon coeur trouvaient un point de rencontre pour l'émotion, un terrain d'entente pour le scénario, le dépassement de la fiction par le réel. J'aimais déjà le drame, il m'ouvrait des horizons  nouveaux, des questionnements, des possibilités de réponses, d'explication, de compréhension, d'indulgence pour l'injustice, le mystère, l'insondable, l'infiniment inaccessible, l'inaccessiblement infini. J'étais servi.

J'ai un peu joué au foot grâce à Séville 82 mais je n'ai jamais fait partie des bons. Pas le physique pour. Arrière gauche. Du genre dernier rempart, valeur sûre prompte à défendre les siens envers et contre quiconque oserait venir nous chercher noise. Le vrai bon père de famille en somme avec peut-être un petit talent singulier, celui d'être gaucher. Justement.

J'ai toujours vu dans le football 2 idées fondamentales :

1 le ballon vous échappe sans cesse , vous brûle les doigts (de pied), il est un rêve que vous poursuivez mais qui vous fuit sans cesse, une chimère, un mirage au beau milieu du désert des Tartares. En cela, le foot est un art, un apprentissage, une leçon de vie, une philosophie. Une attente.et une quête.

2 vous êtes sur un territoire partagé et protégez votre clan, des vôtres, un héritage... la survie de votre culture en jeu, Depuis la nuit des temps, c'est ce que l'homme et l'animal font. Une histoire de territoire, de survie "des plus forts".

Et c'est probablement ce qui fait tant rêver. L'on répète, l'on rejoue l'éternelle lutte pour la préservation de la vie et sa consolidation par le succès des plus forts. Il n'est dès lors plus questions que de défendre son territoire mais bien de désigner "le plus fort" qui aura le droit dès lors de s'accoupler pour pérenniser la vie (symboliquement le but marqué).

Ajoutez la combinaison de différents joueurs aux aptitudes, aux fonctions différentes et la notion de plateau,  de joute guerrière, de jeu d'échecs vient se plaquer habilement sur la dialectique de l'apparition de la vie et de sa préservation.

Plus tard je suis en internat. 1987 à 1990. Marcel Roby. Particularité. Je partage le lieu avec les sports études qui se destinent à jouer pour le PSG. Romeo Calenda, Jérôme Leroy, Romain Arridiaux... Et Safet Susic qui vient chercher son fils à la sortie de l'école... Mais oui !

Drôle mais quand les futurs cracks du PSG nous rejoignent le soir dans l'enceinte du lycée pour jouer avec nous, jamais je ne me dis "oh la la, qu'est-ce qu'ils sont forts...", Mais le terrain est tout petit, et je note quand même la vista, l'économie de gestes superflus, le calme VS l'excitation de nous autres.

Je ne réalise pas non plus la chance de pouvoir jouer, se confronter à des futurs pros. Marcel Roby s'est vidé de ses écoliers. Le Lycée est devenu notre territoire à la nuit tombée. Un ensemble scolaire, un établissement fantôme rien que pour nous. Les interminables couloirs déserts. La cour déserte.

Pento l'homme à tout faire du lycée est aussi là. Il nous rejoint le plus souvent. On le raille un peu mais on l'aime Pento. Il a toujours la tignasse imprégnée de ce gel gominant et semblant faire une vaguelette vers le ciel gris du soir.

Et on joue; et on court, et on crie, et on se marre. Puis on rejoue parfois les affrontements dans le couloir de l'internat, mais au rugby. Ca pique, ça fait des bleus, ça fait mal.

Et on se prend un "pain" parfois par les plus âgés (R. Courtine le fou furieux).

Et l'on se calfeutre, on se protège avec la résistance trempée dans l'eau chaude de votre soupe chinoise lyophilisée, celle qui vous réchauffe l'âme.

Et l'on résiste au bizutage lorsque vous êtes foutu sous la douche. Sans ménagement.

Et l'on résiste avec ses posters de films recouvrant les murs.

Et l'on achète au sortir d'une rixe avec "Damiba" sa tranquillité en s'ouvrant le bras dans une baie vitrée de la salle d'études. Passé tout près d'un au revoir plus définitif façon Norbert Ekassi (grand espoir franco-Camerounais en Boxe anglaise à l'époque).

Curieusement, plus jamais on n'emmerdera le "petit nerveux"... Cette résistance était vaine, c'était reculer pour mieux sauter. Résister dans le courant vous précipite vers le chaos, votre perte. L'égo vous donne les mauvaises pensées, vous pensez pouvoir résister... Que nenni. C'est come pour les baïnes ou la vague en surf, il faut se laisser porter... Accompagner un mouvement qui vous dépasse.

Etonnantes ressources le "petit nerveux"... Il a fait un truc qu'aucun balafré de la vie (beaucoup d'élèves issus de la DASS ou de situations sociales pas simples à l'époque à Marcel Roby) ne fera jamais ici.

C'est là que j'ai compris. J'étais moi aussi sans le savoir un de ces balafrés. Peut-être aussi que ce qu'a le foot de mythologique c'est cette métaphore d'un rite individuel et collectif de passage où il faut entrer dans l'âge adulte. Par la première sélection, par l'attribution d'un numéro, par la scarification (si présente chez beaucoup d'ethnies d'Afrique de l'Ouest). comme ce fut mon cas.

J'ai beaucoup écouté de choses à l'époque. The DoorsSupertramp.





J'ai aussi découvert Prince et je me souviens d'avoir beaucoup écouté Let Love Rule (Kravitz) et Keep On Moving. Soul II Soul a qu'on le veuille ou non défriché le terrain pour Massive Attack. Mais Keep On Moving m'a toujours fait beaucoup plus d'effet qu' Unfinished Sympathy.





dimanche 24 janvier 2021

Elke from Cat-Town 1989

Elke m'est apparue dans les plis rassurants et confortables des années 80. A une époque où le cinéma était encore un temple. Venait d'y sortir un hommage Hitchcokien enveloppant, sensuel : Body Double. Une fameuse scène du film résonne des accents Hot du Relax de "FGTH" (Frankie Goes To Hollywood). C'est donc la Bande son immédiate de ce souvenir brûlant.

Vélizy était encore une ville étrange. J'arrivais d'Afrique avec le sentiment de rentrer dans Daisy Town, ville nouvelle du Far West trop vite sortie de terre, essentiellement composée de façades bancales et vides, avec rien derrière... Du vent, du pré-fabriqué qui sonne le creux partout où vous tapez. Posez l'oreille n'importe où, cherchez le pouls, espérez entendre un petit coeur qui bat... Vous attendrez longtemps. C'était alors mon sentiment. 

Je n'avais jusque là vécu que dans des maisons, n'ayant connu que des chambres d'enfants connectées à la terre, de plain pied, rez-de-chaussée... Avec vue sur un jardin et d'où l'on pouvait assister depuis le fonds de son lit à la nuit tombée au spectacle merveilleux de la Lune veillant sur votre petit tête blonde. 

L'immeuble 3 de la rue Henri Rabourdin, tout proche du collège Maryse Bastié, formait avec le 5 un angle parfaitement droit, ce qui faisait que sans avoir de vis-à-vis direct, vous pouviez néanmoins plonger de 3/4 sans risquer le torticolis dans la vie de vos voisins du même étage.

Généralement, ces espaces de vie étaient privés, clos, dissimulés dès le soir venu derrière d'austères volets roulants criblés de minuscules petites encoches rectangulaires.

Mais Elke n'en avait cure. Sa chambre d'adolescente en pleine métamorphose était une scène, son petit théâtre de marionnettes à la nuit tombée qui s'illuminait. J'étais au spectacle. Je pense qu'elle savait que j'étais parfois posté derrière la fenêtre de la cuisine. On se connaissait sans se connaître. j'avais mené ma petite enquête pour connaître son identité.

En 1991, j'ai eu mon permis. Je me rappelle pendant un cours de code, dans une salle de cours, être tombé sur le prénom ELKE suivi d'un coeur, probablement gravé au cutter sur la table d'écolier derrière laquelle j'étais assis.

J'ai alors mesuré l'onde de choc que cette mystérieuse jeune fille avait pu provoquer dans le coeur d'innombrables petits vélizyens qui avaient eu la chance de la croiser physiquement ou simplement du regard...

J'avais alors perçu que Vélizy était un horizon bien trop étriqué pour elle. Probablement comme dans tout bon polar qu'elle était cette jeune fille dont les rêves s'aventuraient bien au-delà de sa ville, au moins jusqu'à Cat-Town (Chaville pour les intimes).

En tout cas, la BOF de ce souvenir, c'est incontestablement FGTH ! 






samedi 23 janvier 2021

Plutôt mirror ou glass ? 2014

Première image ? Celle qui s'imprime sous mes paupières  quand j'écoute ce morceau de James Brown. Une montée sur le ring. les coulisses avant d'entrer sur scène... Le théâtre comme la Boxe, comme la vie !

Vous aimeriez choisir ? Et pouvoir vous regarder droit dans les yeux ?

Choisir entre ces 2 monstres sacrés, plantés devant la leur, glace ou miroir, comme il vous plaira, mais plongeant sans détour en eux-mêmes, y puisant l'énergie pour la journée qui vient, y trouvant du sens à tout le reste...  

A vrai dire, j'ai fait le mien de choix. James sonne la révolte quand Michael réveille l'enfant,  Brown est âpre, amer, rugueux, ténébreux quand Jackson est ample, idéal, sucré, plein d'espoir.   

Je dois bien reconnaître que l'une n'excluera pas l'autre, chacun se complète.   Interminable montée d'adrénaline avant d'entrer sur le ring côté James Brown. Mélancolie douce de l'innocence perdue côté Michael Jackson. Mais partout la beauté, l'intensité. Intactes. Au rendez-vous !


Je vous laisse donc choisir, ou pas. Je repense pour finir à un détail qui confirme mon intuition : j'ai vraiment découvert et aimé James Brown pendant mes années lilloises. Passage ardu (19 à 23 ans). Juste après avoir croisé la légende à l'hôtel du Palais de Biarritz en 1991 alors que j'y effectuai un stage d'été comme serveur... Grand été Biarrot. 

Michael Jackson reste profondément associé à mes années marocaines (j'avais plutôt entre 10 et 11 ans).

Voilà, tout est dit !




THE MAN IN THE GLASS.
When you get what you want in your struggle for self
and the world makes you king for a day
Just go to the mirror and have a look at yourself
And see what that man has to say
For it isn't your father or mother or wife
Who judgement upon you must pass
For the fellow who's verdict counts most in this life
Is the one staring back from the glass
Some people may say you're a straight-shootin' chum
And call you a wonderful guy
But the man in the glass thinks you're only a bum
If you can't look him straight in the eye
He's the fellow to please, never mind all the rest
For he's with you clear up to the end.
And you've passed your most difficult test
If the man in the glass is your friend
You may fool the whole world down the pathway of years
and get pats on the back as you pass
But your final reward will be heartache and tears
if you've cheated the man in the glass.





THE MAN IN THE MIRROR.
I'm gonna make a change, for once in my life
It's gonna feel real good, gonna make a difference. Gonna make it right...
As I turn up the collar on my favorite winter coat. This wind is blowin' my mind
I see the kids in the street, with not enough to eat
Who am I, to be blind ? Pretending not to see their needs
A summer's disregard, a broken bottle top Aand a one man's soul.
They follow each other on the wind ya' know 'Cause they got no where to go. That's why I want you to know.
I'm starting with the man in the mirror. I'm asking him to change his ways. And no message could have been any clearer. If you wanna make the world a better place. Take a look at yourself, and then make a change.
I've been a victim of a selfish kind of loveIt's time that I realize...

jeudi 21 janvier 2021

Esprit de clocher es-tu là ? 1991

Le Rugby je peux en parler des heures.

Mes premiers souvenirs s'éveillent à Abidjan. Tournoi des 5 nations. Toujours ressenti le bonheur de mon. père à l'approche d'un match le samedi après-midi. les bières au frais, les éclats de voix, une euphorie douce qui vous électrise et contamine le fonds de vos pensées. De grands moments vécus alors devant ce sacré petit écran. Pas la télé avilissante et voyeuriste des décennies à suivre. Non, à cette époque la télé c'est Spectroman, Les Envahisseurs, Ma sorcière bien aimée ou Voyage au fonds des mers le soir. Le dimanche naturellement place aux grands espaces, à l'aventure, au Grand Ouest avec les  westerns made in US (je me souviens nettement avec découvert GAry Cooper un de ces fameux dimanches dans le Vera Cruz du vénéré Aldrich). Ces moments d cinéma sont indissociables du poulet rôti, de son fumet racoleur. Et puis allons au bout de nos idées : le vendredi soir c'est  Droit de réponse, j'y comprends rien mais je vois comme Papa se régale, comme il attend ce moment toute la semaine .J'aurais pu citer Apostrophes mais là c'st au-dessus de mes forces à 7 / 8 ans... Bref, une époque révolue, une télévision pas omniprésente, encore fascinante, encore assez libre dans le ton de ses programmes. Il y a du rêve encore possible. Mais ça c'était avant.

Revenons plutôt à notre chère Ovalie. Plus tard je m'y suis essayé à l'Ecole (de commerce) en tre 1992 et 1993 avec un voyage sympa sur Londres pour y affronter des étudiants rosbeefs mais je me souviens d'une mêlée, d'un choc, de douleurs aux cervicales; j'y rejouerai avec plus de plaisir en 1997 au Mozambique.. Puis plus rien. Mais pas comme spectateur. Comme spectateur transi, il a toujours été là. 

Et j'en arrive à mon sujet.  je me rappelle de mon père s'exaspérant devant la professionnalisation du Rugby et la disparition de ce qu'il appelait l'Esprit de clocher. Esprit de clocher ? Kezako ? Un truc flottant, une atmosphère vécue de village en village, de bourre-pif en troisième mi-temps, où le talonneur comme le pilier ressemblait à l'obèse du quartier, avalant sangliers et litrons de vin de table dès que l'entraîneur avait le dos tourné.

Une époque où les physiques les plus improbables cohabitaient harmonieusement sur un terrain. Il y avait le petit d'homme frêle et pas gâté par la nature mais qui savait en Machiavel de poche utiliser sa caboche et un leadership sans faille pour mener ses "gros" à la baguette. Plus loin, c'était la grande asperge, pas bien équilibrée mais tellement utile pour aller chercher les ballons en touche Et puis ces inénarrables "gras double" du devant qui poussaient à qui mieux-mieux en mêlée. Pour couronner le tout, la cerise sur le gâteau, les idoles de ces dames émerveillées, je veux bien sûr parler des ailiers, ces athlètes racés qui ont le beau rôle, dépositaire du "french flair" par leurs imprévisibles envolées... 

Je comprends l'évolution qui dérangeait mon père, l'uniformisation des physiques, des muscles, des masses, des stratégies bien trop fondées sur l'impact quand l'esquive fit longtemps rêver, quand l'improvisation faisait naître les rêves. Je pense à cet essai du bout du monde contre l'Australie en 1987, impossible, improbable aujourd'hui !

Et je reconnais qu'en regardant les matchs de maintenant, j'ai souvent mal à la tête, fatigué de ces chocs monstrueux qui se répètent inlassablement... L'énergie cinétique est devenue telle que le bruit des contacts semble de plus en plus impressionnant, se reproduisant avec la même intensité de temps de jeu record en temps de jeu inhumain. Ca a même fini par me faire craindre qu'on ne finisse un beau matin par déplorer un mort sur le pré suite à un choc un peu plus violent que les autres. Alors seulement, on pourra dire le coeur lourd que l'époque a vraiment changé, que les mouches ont définitivement changé d'âne. Que tout ça, c'était avant ! 

Toujours est-il que je repense à ces moments qui fondaient l'esprit guerrier, valeureux, héroïque, du Rugby, qui scellait le destin d'un groupe d'hommes uni, je pense à l'heure des hymnes bouillonnants ! Et je repense alors à celui que je retiendrai s'il en fallut un, celui qui m'aura fait le plus vibrer, qui m'aura chaviré pour toujours. L'interprétation la plus dingue. Et c'est toujours Whitney qui revient... Cette fameuse finale du Super Bowl 1991.


Et bien vous savez quoi ? Je crois précisément que c'est parce que le travail y semble invisible, le muscle absent. De la simplicité, du naturel, un élan vital, une connexion immédiate avec l'instant présent, une forme de "french flair" fait hymne! J'ai nommé la quintessence de "l'esprit de clocher" qu'appelait de ses voeux mon vieux papa.  

samedi 2 janvier 2021

Your song. Cédric et Seb. 1993

C'est arrivé l'après-midi dans mon appartement de la résidence, début 1993.

C'était le genre de moment où tu t'épanches un peu plus que d'ordinaire.

Cédric et moi nous étions différents. Déjà physiquement. Il était fin, allongé. Moi plutôt du genre petit et costaud. Au point de vue caractère aussi. En couple - sa petite amie encore en prépa - il se projetait. J'étais affectivement paumé, plutôt en mode questionnement. Je veux dire qu'il était responsable qu'il avait quelque chose de posé, réfléchi, contrairement à moi.

Pour le reste, fan de ciné comme moi, on s'était retrouvé là-dessus lorsque l'association ETNA nous avaient choisis puisqu'on s'était un peu présenté comme un (improbable) binôme.

La première image ? Le retour vers Lille. Tous les 2 sur l'autoroute. Exténués. 

Cet après-midi là,  il devait avoir envie de se confier. Il me raconta, je me souviens très nettement de ce moment, l'accident de la route qu'il avait eu avec son papa. Une histoire de camion qui s'était mis en travers de la route alors que son papa conduisait. La voiture s'était encastrée et tous deux s'en étaient miraculeusement sortis indemnes.

Toujours est-il que Cédric avait décidé après cela de rédiger son testament. A 19 ans !!! Imaginez !

Ce qui me parut fou évidemment. Le plus incroyable avec le recul fut ce qu'il ajouta : il en avait gardé l'intime conviction qu'il courait un danger lorsqu'il n'était pas au volant. Jamais lorsqu'il conduisait. C'était son intuition. Il ne savait pas comment l'expliquer mais le savait, le sentait intimement. Dans sa chair.

Quelques semaines plus tard plus tard nous avons couvert la Course Croisière Edhec avec l'association video. Nous filmions l'évènement, faisions le montage, buvions, dormions bien peu. J'avais laissé ma voiture à la Gare Montparnasse. Nous sommes rentrés tous les 2 à Lille, ramenant une partie du matériel. Véritablement exténués. Sur l'autoroute vers Lille, je me suis endormi comme ça doit arriver souvent. On se croit très fort et les yeux se ferment tout seul. Une fois, deux fois... La troisième, vous avez sombré. Je me souviens de Cédric reprenant brusquement le volant et me secouant. Beaucoup avec la fatigue auraient dormi à côté. Lui avait lutté et nous avait sauvé la vie. Il a conduit le reste de la route et j'ai sombré à côté... Il avait raison. Quand il conduisait, rien ne pouvait vous arriver.  

En juin, il y a eu la désintègre (dernière soirée de l'année). Nous devions filmer la soirée, monter le film dans la nuit pour que les cassettes soient prêtes le lendemain midi au foyer de l'école. On faisait des allers retours entre la soirée et le local. Incessants allers retours. Du va et vient au coeur de la nuit Lilloise. Le hasard a voulu que Cédric rentre avec Seb. Seb ne buvait jamais. C'était sa voiture. Il conduisait quand un chauffard en grillant un feu ne les a pas loupé. J'étais alors au local, les attendais pour monter la suite du film...

La discussion au sujet du testament de Cédric et de la malédiction ressentie lorsqu'il ne conduisait pas m'est évidemment revenue. C'était comme s'il m'avait raconté ce qu'il lui arriverait bientôt, comme s'il savait sans le savoir, comme s'il devait le confesser à quelqu'un.

Une plaque commémorative a été fixée dans le foyer de l'école en souvenir de cette funeste nuit. En guise d'avertissement aussi pour les futures générations. 

En 2015, il y a eu les 20 ans de la promo. L'école venait de changer de campus. Une nouvelle histoire, un nouveau cadre. J'avais comme une intuition bizarre, j'ai dit à une copine, Christelle, qui avait rejoint le staff de l'école et organisait le week-end des 20 ans de prévoir d'avoir une pensée pour Cédric et Seb. Je ne savais pas trop quelle forme cela pouvait prendre mais c'était me semblait-il important de ne pas les oublier.

Après le week-end réussi, je suis rentré à Paris. Christelle m'a appelé quelques jours plus tard pour me dire que le fait d'en avoir parlé l'avait amené à se renseigner et découvrir que dans le déménagement de l'école vers le nouveau campus, la plaque commémorative avait été égarée puis finalement retrouvée un peu miraculeusement. Elle est désormais fixée sur la porte de l'asso ETNA. Il faut toujours écouter ses intuitions. Voilà ce qu'était avec le recul la meilleure façon de ne pas les oublier. 

La petite musique de ce souvenir bizarrement c'est Your Song. Morceau passé au 10 bis (appartement mythique de nos 20 ans Lillois) lors d'une soirée, quelques jours après leur mort en 1993. et j'ai chialé toutes les larmes de mon corps en pensant à eux. C'était 5 ans avant la mort de Lady D, avant que le morceau Candle in the Wind du même Elton John ne devienne irrémédiablement lié à la disparition de cette dernière. Encore un accident de voiture. Allez comprendre !

Après coup, c'est ce que veut dire cette chanson. Elle est la tienne dès lors qu'elle est à tout jamais liée à un souvenir précis. Cédric, Seb, vous pouvez le dire à tout le monde, voici votre chanson !   






Nos limites 1994



La première image ?
LA nuit, le froid, un chien qui renifle avec énergie mes chevilles offertes...
J'ai eu 2 compères et 3 alliés ce soir là.
Les compères ? David et Abdel.
Les alliés j'en parle plus loin.
Je l'ai raconté quelques fois. A des copains. A des "pôôôtes" comme on dit.
Après coup, tu es toujours fier, tu en rigoles.
Mais la rigolade, c'est toujours après.
On est parti pour Breda. Aller Retour 2h 30 max. Le jeu en valait la chandelle. 
J'ai pris mes responsabilités (ou alors j'étais fou) et nous sommes revenus.
Tout se passe sans accroc jusqu'au poste frontière.
Jusqu'au contrôle.
"D'où on revient" qu'ils nous demandent.
Jouer la franchise. Ca paye souvent. "Breda. Back home".
On nous laisse repartir après une visite éclair de l'habitacle et du coffre  Détente de courte durée.
Quelques kilomètres plus loin, un escouade de motards nous escorte jusqu'à une aire d'autoroute.
Là c'est le branle-bas de combat, l'idée c'est nous sortir le grand jeu.
Chacun sort de son côté avec un douanier attitré, attention des plus délicieuses.
Rien ne sera laissé au hasard. Non, non, non. 
Je suis sorti un peu après David et Abdel.
Je vois déjà comment leurs "frotteurs" s'acharnent sur les chaussettes, leur demandent d'enlever les chaussures.
Le mien, allez comprendre, s'arrêtera juste avant mes chaussettes, où tout commençait, où tout pouvait finir. Manque de zèle. Bon il n'y avait probablement pas de quoi croupir en prison pour le restant de mes jours mais peut-être me retrouver privé d'achever tranquillement mon cursus ou juste de passer une sale nuit au poste. Bref, toute perspective potentiellement désagréable à vivre.
Mais les Dieux étaient avec moi. Mon père m'a souvent dit "Tu as toujours eu le cul bordé de nouilles fiston". La veine, ce soir là, fut mon plus grand allié. Le premier de la soirée. Chance d'avoir été sur la banquette arrière, chance d'être tombé sur le douanier le moins méticuleux de tout le département.   
Là, évidemment, je me dis que c'est fini. Mais un autre douanier, le petit chef, plus déterminé que les autres, vient vers moi et me dit comme ça, sèchement : "on vous a fait le coup du Chien ?"... Je visualise l'os de mon tibia rongé de près.
Il faisait froid et j'ai pensé "le vent glacial, le vent mauvais, feront l'affaire".
Que ça permettait de donner le change pour les douaniers. 
Ne pas laisser penser que le stress en était la cause, une peur bien réelle de se faire enquiquiner.
Le froid. Le froid. Seule raison. Et la chance têtue, qui ne me quitterait jamais, quel que soit leur acharnement à faire mentir cette réputation.
Le chien s'est approché, nerveux. Sa laisse a été détachée, il piaffait, s'est rué comme un seul homme sur mes pompes.
Quelques heures plus tôt, il était question d'aller faire un tour à Breda pour ramener un cadeau d'anniversaire à Sem la pagaille. C'est le deuxième allié précieux de la soirée. Pour un copain, on ferait n'importe quoi. Jusqu'à l'inconscience. et l'inconscience est peut être le corolaire du premier allié dont on a déjà parlé : la chance. Quand on est déterminé qui plus est pour une bonne cause, alors rien ne peut vous arriver si ? Surtout à un âge où l'on joue avec ses limites, les frontières physiques ou intérieures, tant qu'on n'a pas fini de se chercher... Un des repères, c'est alors la fidélité en amitié, et les preuves de cette dernières. On était en plein dedans. Voilà pourquoi le deuxième allié, c'est la croyance que parce qu'on fait tout cela pour une bonne cause alors rien ne peut vous arriver de mal.     
Le trosième et dernier allié c'était ce putain de clebs. Remercier son grand âge ou l'imposture vivante qu'il était à coup sûr. Flair en berne, je ne sais pas... Ou alors le genre qui m'avait à la bonne. Que j'avais bien connu dans une vie antérieure ? Je sens encore sa truffe collée sur mes chaussettes pleines et puantes... Mais rien de rien ne s'est passé, j'ai toujours aimé les chiens. Je crois qu'ils me le rendent bien.
          
Une zique de l'époque ? Elles sont légion mais Tenor Man aimait bien le radiocassette de ma Volvo 464.  Seulement ce soir là, c'est la caisse de David qui vécut avec nous cette aventure trépidante. Terminus et dénouement heureux à l'anniv de Sem. Que demande le peuple ?

Alors s'il est question d'une zique emblématique de l'époque, je ne pourrai jamais ne pas réécouter la version live de Slippin into darkmess de WAR. Ce soir là j'ai pas été loin d'y glisser l'air de rien.