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jeudi 21 janvier 2021

Esprit de clocher es-tu là ? 1991

Le Rugby je peux en parler des heures.

Mes premiers souvenirs s'éveillent à Abidjan. Tournoi des 5 nations. Toujours ressenti le bonheur de mon. père à l'approche d'un match le samedi après-midi. les bières au frais, les éclats de voix, une euphorie douce qui vous électrise et contamine le fonds de vos pensées. De grands moments vécus alors devant ce sacré petit écran. Pas la télé avilissante et voyeuriste des décennies à suivre. Non, à cette époque la télé c'est Spectroman, Les Envahisseurs, Ma sorcière bien aimée ou Voyage au fonds des mers le soir. Le dimanche naturellement place aux grands espaces, à l'aventure, au Grand Ouest avec les  westerns made in US (je me souviens nettement avec découvert GAry Cooper un de ces fameux dimanches dans le Vera Cruz du vénéré Aldrich). Ces moments d cinéma sont indissociables du poulet rôti, de son fumet racoleur. Et puis allons au bout de nos idées : le vendredi soir c'est  Droit de réponse, j'y comprends rien mais je vois comme Papa se régale, comme il attend ce moment toute la semaine .J'aurais pu citer Apostrophes mais là c'st au-dessus de mes forces à 7 / 8 ans... Bref, une époque révolue, une télévision pas omniprésente, encore fascinante, encore assez libre dans le ton de ses programmes. Il y a du rêve encore possible. Mais ça c'était avant.

Revenons plutôt à notre chère Ovalie. Plus tard je m'y suis essayé à l'Ecole (de commerce) en tre 1992 et 1993 avec un voyage sympa sur Londres pour y affronter des étudiants rosbeefs mais je me souviens d'une mêlée, d'un choc, de douleurs aux cervicales; j'y rejouerai avec plus de plaisir en 1997 au Mozambique.. Puis plus rien. Mais pas comme spectateur. Comme spectateur transi, il a toujours été là. 

Et j'en arrive à mon sujet.  je me rappelle de mon père s'exaspérant devant la professionnalisation du Rugby et la disparition de ce qu'il appelait l'Esprit de clocher. Esprit de clocher ? Kezako ? Un truc flottant, une atmosphère vécue de village en village, de bourre-pif en troisième mi-temps, où le talonneur comme le pilier ressemblait à l'obèse du quartier, avalant sangliers et litrons de vin de table dès que l'entraîneur avait le dos tourné.

Une époque où les physiques les plus improbables cohabitaient harmonieusement sur un terrain. Il y avait le petit d'homme frêle et pas gâté par la nature mais qui savait en Machiavel de poche utiliser sa caboche et un leadership sans faille pour mener ses "gros" à la baguette. Plus loin, c'était la grande asperge, pas bien équilibrée mais tellement utile pour aller chercher les ballons en touche Et puis ces inénarrables "gras double" du devant qui poussaient à qui mieux-mieux en mêlée. Pour couronner le tout, la cerise sur le gâteau, les idoles de ces dames émerveillées, je veux bien sûr parler des ailiers, ces athlètes racés qui ont le beau rôle, dépositaire du "french flair" par leurs imprévisibles envolées... 

Je comprends l'évolution qui dérangeait mon père, l'uniformisation des physiques, des muscles, des masses, des stratégies bien trop fondées sur l'impact quand l'esquive fit longtemps rêver, quand l'improvisation faisait naître les rêves. Je pense à cet essai du bout du monde contre l'Australie en 1987, impossible, improbable aujourd'hui !

Et je reconnais qu'en regardant les matchs de maintenant, j'ai souvent mal à la tête, fatigué de ces chocs monstrueux qui se répètent inlassablement... L'énergie cinétique est devenue telle que le bruit des contacts semble de plus en plus impressionnant, se reproduisant avec la même intensité de temps de jeu record en temps de jeu inhumain. Ca a même fini par me faire craindre qu'on ne finisse un beau matin par déplorer un mort sur le pré suite à un choc un peu plus violent que les autres. Alors seulement, on pourra dire le coeur lourd que l'époque a vraiment changé, que les mouches ont définitivement changé d'âne. Que tout ça, c'était avant ! 

Toujours est-il que je repense à ces moments qui fondaient l'esprit guerrier, valeureux, héroïque, du Rugby, qui scellait le destin d'un groupe d'hommes uni, je pense à l'heure des hymnes bouillonnants ! Et je repense alors à celui que je retiendrai s'il en fallut un, celui qui m'aura fait le plus vibrer, qui m'aura chaviré pour toujours. L'interprétation la plus dingue. Et c'est toujours Whitney qui revient... Cette fameuse finale du Super Bowl 1991.


Et bien vous savez quoi ? Je crois précisément que c'est parce que le travail y semble invisible, le muscle absent. De la simplicité, du naturel, un élan vital, une connexion immédiate avec l'instant présent, une forme de "french flair" fait hymne! J'ai nommé la quintessence de "l'esprit de clocher" qu'appelait de ses voeux mon vieux papa.  

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