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samedi 30 janvier 2021

Mes anciens succès du temps passé 2006

Un temps sur Canal, il y a eu Les nouveaux explorateurs (coïncidant à quelques années près avec l'arrivée aux manettes de Bolloré "l'Africain"). Pourquoi ne pas avoir intitulé ce concept Les nouveaux exportateurs ou Les nouveaux exploiteurs ?


Depuis quelques années, les docus sur le voyage se sont multipliés, ont pris le pli du marketing, de la segmentation tous azimuts (cuisine, street art, mode, onglerie... ), du sur-mesure pour des stars délocalisées qui vont fendre l'armure en gros plan Cinémascope, oubliant jusqu'à l'équipe et les caméras gourmandes qui les enserrent en permanence...   

J'ai beau chercher, je ne reconnais la noblesse que d'un concept en la matière, c'est le fameux J'irai dormir chez vous. Ce "Monsieur je voyage seul" ne compte que sur lui-même pour faire des rencontres. En rase campagne,  en zone urbaine, il partage quelque chose d'évident avec les personnes rencontrées. Pas de rapport inconscient de force. Quoi de mieux pour faire de vraies rencontres qu'être seul ? Un homme orchestre ! Ajoutez à cela un dispositif expérimental de caméra embarquée et vous n'êtes pas loin d'un rendu cinématographique ultra séduisant à mi-chemin entre C'est arrivé près de chez vous et le film d'horreur allemand Schyzophrenia (que je conseille au passage pour le traitement visuel innovant qu'il propose). On peut même en certaines extrémités imaginer comment Cannibal Holocaust peut naître sur la pellicule...


Je n'aime en revanche pas l'esprit et la démarche de toutes ces autres émissions qui se disent vouloir vous emmener vivre aux côtés d'autochtones pour en faire partager les spécificités culinaires, culturelles, que sais-je encore... Avec en permanence, des passages obligés dont l'incontournable clin d'oeil complice à la caméra ponctué d'un "délire" parisien ou la sempiternelle séquence d'émotion au moment convenu des séparations. Il suffit alors d'imaginer le caméraman et le perchiste hors champ en train de zoomer sur la paupière humide du local de l'étape que vous vous apprêtez à quitter... Alors voilà, vous rentrez chez vous non sans un certain soulagement, forcément pressé de retrouver les vôtres, de prendre une bonne douche chaude, puis de rallier un plateau de Boulogne où vous raconterez, la gueule enfarinée, comment vous avez dû arrêter le reportage au moment du décès d'un des villageois histoire de respecter la tranquillité et le deuil de vos hôtes... Pourquoi rester quand la fête est gâchée ? Quand les mauvaises énergies se pointent... 

Voilà de vraies formes de néo-colonialisme où la caméra et l'audimat ont remplacé la Bible et la croix. On pervertit pour mieux convertir ces autochtones à la société du spectacle en leur faisant comprendre qu'ils ont tout à gagner à parler distinctement et en souriant devant la caméra, A la fixer pour mieux regarder dans les yeux les millions de petites têtes blondes dans quelques cités d'Occident et véritablement émues comme devant ce qui a toutes les caractéristiques d'un documentaire animalier.

Ce faisant, on les conditionne, on les habitue à la présence d'une caméra comme auparavant à la nécessité de vouer un culte au fils de Dieu à la peau blanche.

Non, il ne faut pas se leurrer, les plus belles histoires de rencontres sont celles qui se feront toujours quand on est seul et à l'abri des regards indiscrets, en toute quiétude, sans autre objectif que d'être là avec l'autre pour partager des moments d'égal à égal. C'est l'ambition d'un programme comme J'irai dormir chez vous. je crois que tous les autres auraient intérêt à s'en inspirer. De cette alchimie particulière naît la magie des belles rencontres.

La bande originale de ces belles rencontres, c'est toujours celles qu'on fait seul sur le marché Mokolo...  Une échoppe, un échange, un vieux CD au titre évocateur : Mes anciens succès du temps passé. Et l'on  plonge avec délice dans GG Vikey, Mbilia Bell, Franco,  Zao ou Petit Pays...






  

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