Nombre total de pages vues

Rechercher dans ce blog

jeudi 4 février 2021

2001, l'odyssée du Square

La première image ? Lino Ventura quittant le 6 square, filant vers le 5, poursuivi par Jean Gabin... Le rouge est mis.

Tracer ma route, peu importe les écueils pourvu qu'il reste une trace, baveuse, passionnée, ambigüe, imparfaite d'interminables détours, pourvu que subsiste quelque chose comme une respiration profonde et sereine. Prendre le temps, cheminer suffisamment piano, pour que le suc de la vie sécrétée puisse imprégner nos voies terrestres. A son rythme. Rien d'autre.



Pour trouver sa voix ici-bas, retrouvons les rythmes indolents de la limace. Et prenons le temps de regarder autour de nous. A chaque nouveau pas.

Les Fables de La Fontaine puisent leur substantifique sève de l'observation universelle, de constats aussi simples qu'éclairés, des contes populaires partagés au coin du feu, frappés au coin du bon sens, indiquant toujours et pour toujours la bonne direction, celle du libre arbitre.

Dans Le lièvre et la Tortue, la Tortue prend son temps, crée du sens à chaque instant, remplit sa seconde de 24 images pleines et riches, imprime son rythme sur son passage comme l'encre sur une délicate feuille de papier rejoignant la sortie d'une imprimante avec sensualité, un sens ondulant du rythme, du slow plein la peau.


Une méthode : écouter les signes, suivre ses intuitions

Dans l'existence, c'est pareil. Mais l'une des clés pour ralentir le pas, adapter le rythme de nos âmes à celui bruissant de nos cités folles, c'est de croire. Dans les signes omniprésents qui se présentent à nous, tout le temps. Y croire dur comme fer. C'est la seule boussole, la seule religion qui vaille. Ce faisant, nous donnons un sens précieux à chacun de nos actes, à chaque petit pas incertain dans le sable frémissant d'un territoire aux frontières interdites et dont la face cachée, la partie restant à explorer, comme dans les jeux video, nous angoisse à juste titre, terriblement, tant qu'elle nous reste inconnue.

Et pour illustrer cela, j'ai un exemple qui m'a tout de suite parlé...

Un jour de l'an de grâce 2000, de retour d'un service civil effectué au Mozambique où j'appris tout à la fois les femmes et le portugais, j'ai formé le voeu d'investir les coquettes économies amassées à la faveur de cette aventure dans de la "pierre-valeur-refuge".

Moment que choisit mon père pour visiter cet appartement perché sur un square parisien du XIXème arrondissement.


D'ordinaire homme carré, prévoyant, corseté dans un rationalisme chevillé jusqu'à l'asphyxie, il devient soudain irrationnel, voit dans cette découverte comme un signe tombé du ciel, comme un rayon oblique perçant à travers la couche nuageuse de son esprit cartésien pour éclairer le petit square d'un jour nouveau, excitant. Il m'appelle illico.

Un peu de culture ne te fera pas de mal, on parle de l'homme qui libéra la Bolivie, homme aux originaire Basques, m'assène-t-il pour commencer


Pas un hasard ajoute-t-il si le square se situe métro Pyrénées, nos chers Pyrénées-Atlantiques.


Il est étrangement serein, sûr de sa petite découverte sur les flancs de Paris, quelque part sur une ligne courant depuis ce point culminant qu'est Télégraphe jusqu'à la Seine.

Il a également relevé qu'à une certaine époque (lointaine), trônaient sur les hauts de la butte, dans la rue Clavel qui surplombe le square un ou deux moulins mais pas trace de Don Quichotte. Or nos ancêtres étaient meuniers, me rappelle-t-il avec malice. Eyera signifie moulin en Basque. Mendy veut dire Montagne.

Autant de signes agrégés qui sont trop honnêtes pour savoir mentir.

Je n'ai par la suite fait qu'ajouter mes pierres précieuses à l'édifice inauguré par mon père et qui au fond donnait une force et une légitimité à ce choix qui devenait soudain aussi profond, existentiel qu'évident.

J'ai à mon tour commencé des recherches pour me l'approprier ce lieu. J'ai bien trouvé la Villa de l'Adour juste derrière le square (en hommage à notre cher fleuve du Pays Basque). Puis j'ai trouvé d'autres liens secrets entre le square et le cinéma (ma boussole depuis si longtemps).


Le Rouge est mis (Gilles Grangier, 1957) et Orphée (Jean Cocteau, 1950) sont deux films dont quelques scènes y furent tournées. Le second étant d'ailleurs une oeuvre que mon père vénérait. Curieux destin.


J'ai enfin trouvé drôle dans une période récente où j'ai cherché le calme et la volupté du Pays Basque pour me lancer dans un projet d'écriture, que ma locataire sur le square ait été la fille d'un grand écrivain adopté depuis tant d'années par le Pays Basque : Philippe Djan.

C'est pour ces découvertes fabuleuses de sens plus ou moins caché que nous voulons vivre...

Voilà au fond ce qui doit motiver nos choix dans la vie. C'est ainsi qu'elle nous semblera plus douce, plus simple à traverser. De ce sentiment découlera une forme d'insoutenable légèreté de l'être (Milan Kundera1982) à la portée de toutes celles et tous ceux qui sauront à leurs existences trouver la cadence hypnotique de la limace.

Les première années sur ce square ont été magiques, le sentiment curieux d'être accueilli dans un village d'irréductibles "combattants" (habitats du quartier COMBAT)... Un appartement, la scène d'un théâtre où des tranches de vie auront joyeusement défilé des premiers jours d'un jeune homme commençant dans la vie active jusqu'au foyer chaud et vibrant de petits oisillons piaillant gaiement sous le regard médusé de parents heureux mais exténués... parfois.     

Je ne me rappelle plus ce que j'écoutais à l'époque, au tout début, mais sans réfléchir il y eut pour sûr Patricia Barber et Olu Dara !






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire