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dimanche 21 mars 2021

Les trajets de mes 15 ans. Versailles. 1988. Tous mes trajets.

La première image ? Il fait nuit dehors, je suis bien. "La peau du ventre bien tendue" disait souvent Papa après un bon repas en famille. Les vibrations douces de la voiture lancée sur un axe rassurant nous amortissent, nous ferment imperceptiblement mes paupières.

Avec la smala, c'était un bonheur le week-end de se faire des restos sans chichi sans tralala... C'était souvent la Pizza Del Arte, c'était aussi Bofinger à Bastille pour les belles occasions et de temps en temps  cette sympathique Crêperie de Versailles dont le nom m'échappe. A l'aller mais surtout au retour, j'aimais me laisser bercer par ce que Joe diffusait dans l'habitacle. Fip FM pour l'essentiel.

Revenaient souvent Chris Rea, Paolo Conte ou Les Polyphonies Corses. Voire Guy Marchand qu'il adorait.

Et j'insiste. On oublie les trajets, ce chemin parcouru entre la maison et votre lieu de travail ou le restaurant. Entre chez la copine après votre première fois et les quais que vous avalez des toiles dans les yeux, entre chez les parents et le lieu de l'examen, entre votre lieu de travail et l'hôpital où votre premier enfant vient de naître, entre votre le lit et le téléphone au coeur de la nuit lorsque vous savez déjà qu'une terrible nouvelle vous espère...

Je revois les éternels "j'ai mis une heure, c'était interminable, ..." alors que ces aventures  (ce sont des aventures en soi) recèlent une matière précieuse qui nourrit comme le reste, qui fait naître des rencontres, qui vous fait vous sentir libre et présent, maintenant, tout de suite. Quelque chose s'y joue, vous en reste, quelques chose de plus marquant parfois que les moments (point d'entrée, point de sortie) qui nous semblaient alors importants.

Parce que j'ai toujours eu la conviction que nous étions des ondes et non des particules. Nous croyons à tort que seuls les "points" de rencontre importent, les objectifs atteints, et bien non... Dans le Mari de la coiffeuse, Patrice Leconte décrypte. la puissance de la coupe au travail, c'est tout un processus qui est essentiel et indissociable du résultat final.




samedi 20 mars 2021

Chet Baker. Massy. 1992

La première image ? Le silence enveloppant, respectueux, de la Bibliothèque de la Cité Universitaire Internationale entre Porte d'orléans et Porte de Charenton. Et moi qui cravache.

Quand la prépa est arrivée, j'ai retrouvé un jour Magali par hasard au petit tabac de Vélizy jouxtant la place de la Mairie. Rien de très romantique. Je me rappelle bien parce que je revenais de mon bizutage (1ère année de prépa HEC au Lycée du Parc de Vilgénis). J'avais de la farine dans les cheveux et un accoutrement taillé dans de larges sacs poubelle de couleur bleue. Magali c'était mon amoureuse contrariée dans L'Arlésienne en troisième (la pièce dont j'avais été le rôle principal). Elle en avait pincé pour moi alors que je ne savais pas trop aimer à l'époque. C'était au-dessus de mes forces.  Mais comment l'accoucher par la voix ? Le dire ? Le faire comprendre ? Que mes amours c'était pour plagier Timsit, l'une de mes idoles de l'époque : 

en 1 le cinéma. Si je retrouve un jour l'ouvreuse / la caissière du cinéma de Vélizy elle ne parlera que de moi, j'y passais ma vie. toutes les heures de ma vie dès qu'un moment propice le permettait. Evidemment tout seul le plus clair du temps. 

en 2 la musique. J'en passais du temps chez les disquaires de tout poil, notamment à Vélizy 2 pour choisir et partir m'isoler dans une cabine (à l'époque, il y en avait) à écouter tout ce qui sortait quelque soit le genre...

en 3 la Boxe Anglaise, jusqu'à collectionner toute la presse qui s'y rapportait.

Et pour mes oreilles d'étudiant qui passait son temps utile dans les bibliothèques (dont l'internationale de la Porte d'Orléans / de Charenton) à la recherche du silence propice à la concentration, la voix de Chet Baker s'y substituait souvent via le fameux Walkman double entrée, alors je me laissais aspirer envoûter, apaisé, affairé, sereinement... Evidemment pas The Voice, et pourtant quelle voix ! La genre que je cherche encore, cette simplicité, ce velours, cette chaleur, cette humilité, cette absence à soi parfois... Un sacré bonhomme, à la trompette comme à la gorge... Deux instruments en parfaite symbiose. L'un toujours le prolongement naturel de l'autre. 









vendredi 19 mars 2021

Le dimanche à Abidjan. 1978

La première image ? le bar à droite en rentrant lorsque tu franchis la grande baie vitrée pour entrer dans la villa de Cocody.

Le Dimanche à Abidjan, c'est à la maison. Il y a du poulet rôti le midi. Il n'y a qu'une odeur, comme s'il n'y avait qu'un poulet. Lorsqu'elle revient caresser mes narines, je ferme les yeux et j'y suis de nouveau. Raison pour laquelle j'ai toujours pensé que le meilleur remède contre Alzheimer sera d'ordre olfactif ou ne sera pas. Rien ne vous ramène plus facilement dans le passé, orne ne vous rappelle aussi précisément une personne ou une situation qu'un parfum.

Début d'aprem, il n'y a que des grands westerns à la la télé, je me rappelle avoir vu Vera Cruz d'Aldrich à cette époque. C'est surtout du western US. Le SpÔghetti arrivera plus tard, quand je vais rentrer en France vers 1984/85.

Et la bande sonore (qui me fera dire plus tard sans aucune raison identifiée que mes parents étaient "ouverts" d'esprit) s'échappant de la chaîne, c'est du LIVE à gogo, du LIVE mythique. Deux 33 tours en particulier que je revois parfaitement... Que je sens courir sous mes doigts... AL JARREAU (Live 1977) et GEORGES BENSON (On Broadway, son époque légère, moins Bad que jamais !)

Je crois d'ailleurs que mon amour du LIVE en musique est venu de ces écoutes Ivoiriennes, voire Cocodystes,  où le public et la musique communient, où l'on se sent faisant partie de ce public, où ce public devient soi, où la musique nous entraîne avec elle dans la fosse, avec la foule invisible, mais que l'on sent omniprésente. Et l'on s'emmitoufle avec. 

Quelle époque ! 





jeudi 18 mars 2021

Aéroport de Joburg 1998

La première image ? Un baiser de cinéma dans l'aéroport de Jobug.

Nous étions  assis côte à côte dans l'avion qui me menait de Maputo à Joburg. Nous nous étions croisés un peu par hasard la veille dans une de ces salles de concert un peu magiques de Maputo. Le Tchova, l'endroit où l'on venait écouter Vai comer camardes de l'ami Chico Antonio...

Je l'avais vue, un joli minois parmi les gens rencontrés ce soir-là, des amitiés communes, des relations du week-end, du vendredi soir en l'occurence.

Puis elle avait été, hasard des hasard, assise à côté de moi dans l'avion qui partit le lendemain pour Joburg. C'est là que je changeai de vol pour découvrir Le Cap. Nous fîmes connaissance, mais rien se spécial. Puis je m'en fus vaseux à mes occupations solitaires pour le week-end. M'emparer du Cap, arpenter ses vieux quartiers, découvrir par hasard un concert de Jimmy Dludlu (dont j'ai toujours le ticket quelque part dans mes affaires) et son petit côté Georges Benson période easy listening. Un week-end tout seul. Cape Town rien que pour moi. Du bonheur. Quand je suis repassé à Joburg pour changer d'avion,  elle était là. Elle m'attendait. Une scène de film, je n'ai pas compris tout de suite qu'elle avait dû choper l'info sur les dates et vols retour par dessus mon épaule à l'aller sans que je ne m'en aperçoive.. On s'est embrassé comme ça, sans un mot, debout parmi les gens qui couraient ici et là pour attraper leurs vols. Puis la magie s'est envolée toute seule, je suis reparti. On ne s'est jamais revu. Curieux non ? Mais romantique, fabuleusement romantique.

A l'époque je me remplis aussi les oreilles de l'immense Salif Keita et de son album chéri Amen !  








  

mercredi 17 mars 2021

Live at Sin-é. Lille. 1993

 


La première image ? Un trottoir devant le Balatum rue de la Barre.

Il y a des souvenirs comme ça. Nets. Sans bavure. 

La première fois que j'ai eu entre les mains le Live at Sin-é de Jeff Buckley c'était un matin de 1993 au Balatum, rue de la Barre, à Lille. Une merveille. J'ai d'ailleurs toujours préféré ce live à l'album studio Grace sorti la même année. Déjà cette couverture, la couverture des couvertures, la création divine, constellation de l'instant présent, ce bout de nappe imprimant le moment vécu. Toutes ces nappes avant celle-ci, ces pettes têtes à toto, ces carrés, ces cibles, ces blagues, ces ramifications ailées... Quoi de mieux que le Balatum pour le découvrir alors, pour s'en rappeler des années après !

Curieux comme des artistes arrivent dans nos vies comme des étoiles filantes et en repartent prématurément, marqués par le destin. Jeff Buckley parti si jeune, 30 ans et son papa, Tim Buckey avant lui à seulement 28 ans... J'ai repensé à l'époque à Bruce Lee parti à 32 ans et son fiston Brandon Lee à seulement 28... Mais il nous restera pour les soirs de moins bien ce live, cet OVNI fantastique qui a fouetté nos 20 ans, y laissant une trace indélébile. Pour d'autres ce fut Procol Harum, Elvis ou Otis Redding. Nos 20 ans à nous c'était un peu ce Live at Sin-e, d'avant les portables, d'avant les capsules "what else", une époque où le meilleur café se buvait encore au Café. Où le buvard en dessous vous remerciait au passage dans des atmosphères furieusement enfumées...

dimanche 14 mars 2021

Baygon jeune. Abidjan 1980

La première image ? Mon réveil à l'hôpital. Abidjan. Un tube part de mon avant-bras vers une bouteille de sérum. Papa est penché sur moi.

Je jouais sur la terrasse. Mal au crâne, j'étais revenu par la baie vitrée vers la salle à manger. Papa était-il là ? Je ne me rappelle plus. J'étais tombé dans les pommes. Black out. Je me rappelle avoir dit  : "je ne me sens pas bien". Ma mère était en vacances au Mali. Ma tante était là pour sûr puisqu'elle avait jugé bon pour éliminer les poux qu'on m'avait trouvés de m'asperger copieusement le crâne et les cheveux de Baygon quelques minutes plus tôt. A quoi ça tient être un papa, être une maman ?

J'avais 7 ans. je me souviens de tourner de l'oeil puis de les rouvrir à l'hôpital. Papa était là, penché sur moi.

Cette image ne me quitte jamais. Ce papa discret mais tellement présent. "Mon gars sûr" comme on dit de nos jours !

A l'époque j'écoute en boucle in the Navy. Indépassable 45 tours de cette époque !



dimanche 7 mars 2021

Softly as a Robert Wyatt song 2013

La première image ? Un matin au 18 Boulevard de la liberté. Le bonheur du duo Café / cigarette des aurores. La ville s'éveille par la fenêtre de la chambre enfoncée dans la terre Lilloise. Un cocon où il fait bon vivre. La musique ce sera Alifib forcément. Sea Song aussi. C'est tout Rock Bottom. Je l'avais écouté justement à Lille la première fois par JB qui l'avait emprunté à Jean Jean. En 1994 probablement.

J'avais apprécié mais pas adoré comme une vingtaine d'années plus tard. Je tombe par hasard sur une version par Elvis Costello de Shipbuilding. Que j'adore vraiment. Plus encore que celle de Robert Wyatt. Mais voilà, je remonte le fil jusqu'à Soft Machine et Rock Bottom. Et Alifib depuis me hante... 

Comme rarement un morceau le fit ou le fera. Alifib m'habite pour drôlement le dire ou le dire drôlement.

Rétrospectivement celui que j'étais alors, torturé, se cherchant en vain, se retrouve peut-être dans ce personnage solitaire, comme prisonnier de son enveloppe charnelle et en capacité malgré tout d'éclairer le monde par ses fulgurances, à la lumière de ses handicaps, de ses manques, de sa volonté de ne jamais se laisser corrompre.   


   



Paul-Henri Mathieu Rafael Nadal mai 2006

La première image ? Square Bolivar. Après-midi. télé allumée. Roland Garros. le soleil tape dehors et je découvre un match dont je peux reparler encore et encore.

Lorsqu’il offre un spectacle d’exception, le sport ne fait-il pas la limpide démonstration de ce à quoi nous aspirons tous, l’élévation de l’âme vers des sphères inexplorées ? Peut-il produire le même effet qu’un vers assassin d'Arthur Rimbaud lorsqu’il nous aveugle jusqu’à nous tirer des larmes ? La première écoute d’une musique dont vous sentez qu'elle vous accompagnera tout au long de votre existence, la transe déclenchée par la vision d’un film dont vous garderez jalousement au fond de vous et pour toujours les morceaux de bravoure, souvenirs intimes de moments de grâce imprimés à jamais dans vos mémoires déchiquetées, tous ces moment uniques nourrissent, finissent par faire partie intégrante de votre être. Oui, le sport est un art majeur, une célébration, un feu d’artifices d’émotions supérieures et de sentiments dans le secret des voies impénétrables. Et que cela soit écrit une bonne fois pour toutes.

C’est pourquoi je veux ici et maintenant vous rapporter un moment sportif d’exception, lors d’une anodine et printanière après-midi de mai 2006. Je veux témoigner parce que les commentateurs ne furent pas à la hauteur de l’événement, pas plus que l’ensemble de la presse le lendemain. Chacun y allant d’un tiédasse « A l’issue de l’un des plus beaux matches de la quinzaine, le miracle n’a pas eu lieu ». Faux, archi faux, Messieurs. Miracle il y eut au cours d'un match d’une intensité aussi rare qu’inouïe. Car ce jour-là, un « petit » français, Paul-Henri Mathieu, devait servir de mise en bouche à l’extraterrestre spécialiste de la terre (sic), Rafael Nadal. Il aura pourtant livré la performance la plus accomplie de sa jeune carrière.


J’ai assisté cet après-midi là au plus grand match de tennis, au plus dramatique, au plus incroyable, au plus dantesque, au plus shakespearien depuis un certain Michael Chang-Ivan Lendl.


Un authentique combat de boxe où 2 adversaires se rendirent coup pour coup, ne lâchant pas le moindre bout de terrain, deux beaux diables livrant bataille jusqu’à leur(s) dernier(s) souffle(s).


Mais là où le pugilistique et titanesque Thomas Hearns Vs Marvin Hagler n’avait duré que quelques minutes d’une électricité folle, presque inhumaine, l’affrontement sur terre battue de ce mois de mai allait nous tenir en haleine, avec la même intensité, près de 5 heures. Vous connaissez beaucoup de musiques, de films, de chefs-d’œuvre qui vous illuminent dès la première seconde, sans faiblir, et ce 5 heures durant ?

Je peux dire à toutes celles et ceux qui auront loupé cet événement sportif rare, qu’il est de la trempe d’un France-Allemagne 1982.


Notre « héros » en sort battu mais grandi, et ce pour l’éternité. Un tenant du titre qui n’aura jamais autant souffert depuis la prise de son pouvoir lors de l’édition précédente. Le mettre en péril, c’était alors chose rare, passer à un cheveu de le terrasser, sentir que ce fut possible, voilà qui était de l’ordre de l’impensable. Paul-Henri ce jour là était de cette trempe, de la trempe des impensables qui vous entraînent derrière eux vers la foi qu’à l’impossible nul n’est tenu.

Comme dirait Thierry Roland un fameux soir de juillet 1998 : « après un match pareil, on peut mourir tranquille… » Même après une défaite.


Alors Paul-Henri, je voulais te l’écrire. Tu n’as pas le palmarès de ton adversaire du jour, mais à l’échelle « sentiments » de Richter, tu a les 4 grands chelems, tu les as gagné 10 ans de suite, pulvérisé tous les petits records… Dis-toi que ce match à mes yeux et dans mes souvenirs d'amoureux du sport occupe désormais une place à part, vaut toutes les couronnes du monde, parce que je n’avais pas vibré comme ça depuis des lustres et tu en fus le principal chef d’orchestre. Tu es désormais intouchable, pardon impensable, bref comme il te plaira. Tu es devenu l’un de ces rares passeurs vers des contrées vierges, peut-être oubliées où, à l’abri des doutes, l’esprit défiant toute logique redevient conquérant. C’était sûrement le match de ta vie, l’un des moment sportifs de ma vie de spectateur.

Et ne serait-ce que pour cela, PHM, parce que je ne l’ai lu nulle part à l’époque, je voulais te dire Merci.

Je précise qu'en 2006, je me prépare à quitter la France pourle Cameroun, et j'écoute beaucoup l'album Close to heaven (ONJ; Frank Tortiller. 2005). les sensations ressenties devant ce match ne sont pas étrangères à la musique ensorcelante de Led Zeppelin divinement revisitée dans cet album.



   

Et souvent quand je veux me (ré)électriser je réécoute de nouveau le sublime 



samedi 6 mars 2021

Holly Mark un 25 février 2019

La première image ? Vélizy début des années 80. Such a Shame et déjà cette voix qui s'imprime en vous. Puissamment.

J'ai plus jeune été sensible et marqué par la voix d'or de Mark Hollis. les titres comme celui-là vous restent en tête une vie durant mais plus étrange c'est son timbre, ce velours si particulier, sa texture unique qui vous convie dans ses voyages et fait de lui (sans même avoir pris le temps d'explorer la discographie de Talk Talk) votre ami, votre "gars sûr" pour le dire avec les mots d'aujourd'hui.

Tant de merveilles découvertes sur le tard, après sa mort.  Albums découverts après sa mort.

Un bouquin semble lui rendre justice Mark Hollis ou l'art de l'effacement. Je vais me ruer dessus... Quand on a eu cette humilité face au succès, cette distance, cette exigence, ce souci de rester intègre, en deçà, c'est qu'il y a de quoi s'inspirer. Prends modèle. Ecoute. Badigeonne-t'en les oreilles.

Apprenant sa mort, je redeviens l'apprenant, l'apprenti, l'émerveillé, je creuse, je farfouille dans sa discographie et ce que j'y trouve me subjugue...

L'art de l'effacement... J'adore. j'ai toujours pressenti qu'on crée plus loin plus fort dans l'obscurité à l'abri des rayons qui décapent... Pour moi, la recherche de la lumière à tout prix m'a toujours évoqué la compromission et l'assujetissement à des facilités matérielles, à ce qui flatte l'ego faisant oublier qu'on est alors un insecte perdu dans la nuit ivoirienne et qui vient se brûler contre la première source de lumière, l'éclairage public persuadé que c'est là que tout se joue sans comprendre qu'une fois au contact, les ailes ont pris feu, c'est trop tard...

Probable que Mark Hollis a su rester lui-même et que ce qu'il offre encore aujourd'hui peut paraître si moderne, si total, si intemporel.

Se préserver le plus longtemps possible pour persévérer, pour rester soi-même.
     









      

vendredi 5 mars 2021

I heard some good news today. Early 2009

La première image ? Au volant de la Toyota Yaris dans un Akwa écrasé de chaleur. Mireille m'appelle. 

Début 2009, je me rappelle bien. J'étais dans ma voiture en plein Akwa quand Mireille m'a appris qu'elle était enceinte de notre Nahia chérie qui entrait ainsi dans ce monde, encore protégée, vêtue du corps de sa maman pour les 9 mois qui suivaient.

On se rappelle toujours de ce moment si particulier, d'autant plus fort que je suis également né dans cette ville (comme sa maman). Il y a alors comme une force tellurique que se met en branle, comme le cycle des cycles dans la ville des villes : Douala la rebelle !

Quand Papa est parti, j'étais à Douala, quand Nahia est venue j'étais à Douala. Papa est parti sur un lit à Tenon , Léana est venue sur un lit à Tenon.

Le cycle des cycles.   

Au moment précis où l'émotion gagnait mon âme et mon imagination, c'est Luther Allison qui se mit à  hurler son blues dans l'habitable. Curieusement le morceau c'était Bad news is coming. Morceau que j'adore mais qui peut effrayer ou interroger... Rapidement, j'ai compris. Le Blues c'est d'abord la vie sans chichis, c'est la célébrer en musique et sans faux semblants, c'est la résilience aussi, c'est de l'amour sans filtres, c'est tout ce que j'aime. Il n'y avait donc rien de mieux, de plus stimulant, à cet instant précis que Luther Allison pour me faire cette annonce avec sagesse et en musique.

Ce morceau, je l'adorais et depuis, quand je l'écoute, c'est ce moment qui revient et j'y suis de nouveau, au volant, passant devant l'ex siège de Nostalgie FM, heureux d'être à nouveau là en pleine saison sèche sous un soleil écrasant pour apprendre cette f...... incredible news !         

Parmi les morceaux que je lie également toujours à cette époque, convoquons les immenses Francis Bebey (son prémonitoire Forest Nativity) et Gentleman Vickey (Toi qui vient de naître) à jamais liés aux naissances divines de Nahia et Léana.






 

 

     

jeudi 4 mars 2021

Woodstock in Suresnes 2004

 

La première image ? Un grand écran chez JB à Suresnes. 2004 je dirais. Projection du fameux WOOSTOCK de Michaek Wadleigh.

Il est mort un lundi le soleil.
Celui-là même qui entra dans nos nuits avant les autres.
Sans prévenir évidemment.
Alors qu'on dormait peut-être.
D'un rayon ravageur, d'un souffle de vie,
dans la fraîcheur du petit matin.
Et qui soudain, sans vraiment le savoir, nous illumina.
C'était le grand Richie Havens, accueilli à la faveur d'une projo sous seing privé. Le fameux Woodstock de Michael Wadleigh, son sens innovant du cadre. What a claque mes aïeux ! Je me rappelle aussi que c'était chez Jibouille à Suresnes. Appartement mythique comme en d'autres temps le 14 rue Royale ou le 18 Boulevard de la Liberté. Il y a des lieux comme ça qu'on sait hantés après soi par de joyeux fantômes pour un sacré bout de temps.


S'agissant de Richie Havens (qui vient de nous quitter alors que j'écris ces lignes un 22 avril 2013), tout avait en réalité commencé quelques années plus tôt. D'abord chez JB en 2003 ou 2004.

Mais bien avant avec le recul, dans la jeunesse de ma mère. Une chanson clé de son adolescence et de celle de sa grande soeur. C'était déjà lui, Richie Havens qui de sa sublime version de Rocky Raccoon avait  réveillé la fin de leurs années 60.

Il  traverse donc les âges comme les souvenirs de ces quelques lieux enchantés de notre jeunesse qu'il a fallu malgré nous se résoudre à quitter.




mardi 2 mars 2021

Roi pêcheur pour un soir. Paris 1991. How about you ?

Le première image c'est un trottoir à Odéon. Sortie de séance de ciné en 1991 de mémoire.

Cette époque, c'est la prépa, Une parenthèse de labeur entre le BAC et l'Ecole de Commerce.

De longues journées passées à la bibliothèque universitaire internationale.

Le silence magique de ces lieux fascinants. Le son hypnotique des pages qui se tournent. Les volumes et l'Histoire qui vous contemplent. 

je n'ai pas gardé les copains de prépa mais je me souviens de tous. Adrien (j'en parle ailleurs), Juliette, Frédéric, Nicolas et Sophie.

Nicolas était sacrément mélomane. Il m'a fait découvrir Sly & the Family Stone notamment. Il a d'ailleurs poursuivi dans le domaine (on s'est revu plus tard souvent par hasard au SUNSET / SUNSIDE...). Mais le temps avait dressé des remparts de pudeur ou je ne m'y connais pas. En tout cas la Family Affair est restée coincée dans ce passé studieux mais pas que... 


On s'est fait de jolies virées parisiennes dans cette autre vie, même été jusqu'à Urt, dans mon Pays Basque, avec sa voiture.

Il formait un très beau couple avec Sophie. Mais tout avait déjà une fin. Ils se sont séparés.

Puis ce soir de 1991, j'ai été au cinéma avec Sophie et son nouveau Jules.

Je m'en souviens parfaitement parce que c'est l'une des séances les plus marquantes que j'ai vécue au cinéma (Avec Excalibur quand j'avais 9 ans).

Une sensation rarissime, je flottais en me (re)déversant dans la rue.

Cette séance d'un soir à Odéon, c'était Fisher King et la musique qui ne me quitte plus depuis, How about you ?



J'en parle ici parce que cette culpabilité mêlée d'un sens du devoir excessif (ce que vit le personnage principal lorsqu'il hurle "Forgiiiive me") sans forcément comprendre les mécanismes secrets qui nous agissent, c'est un peu de ce qu'on vit après le Bac lorsqu'on ne sait pas trop ce qu'on veut faire.

Je me savais épris de cinéma et doué pour le théâtre, aimant me transcender, me métamorphoser sur une scène (mais guère plus) et me suis plutôt essayé à ce qui exigerait beaucoup de moi, de mon temps, de mon énergie pendant 2 ans sans y voir ce qui m'y plaisait... Lorsqu'on ne comprend pas pourquoi on est là, on se dit qu'il y a comme des fautes à expier, une conduite à racheter, on va souffrir pour d'autres que soi. Fisher King est un conte qui vous replonge dans vos idéaux d'enfance, ceux que vous avez parfois trahi...

lundi 1 mars 2021

Last summer in Bedstuy. Août 2009

 


Première image ? 2009, Bed Stuy sur le toit et pas une ride à la surface du Brooklyn sky. Rien que du ciel bleu mais en noir et blanc.

Je rêve alors d'une chemise monochrome (achetée sur le marché Mokolo) qui se balancerait dans la cour intérieure d'un coiffeur afro sur Nostrand avenue. De tout là-haut, en ligne de mire sous mes lunettes noires bon marché, Manhattan promène sa solitude sur le beat lancinant de Sylvain Chauveau qui l'air de rien revisite Depeche Mode sans se presser...




Tous les nuances de Sunshower. 2012. Découvert pendant ma "retraite" Urtoise

 Première image ? Cette pluie de soleil dans l'appartement square Bolivar. Côté cour intérieure. Mon palmier et mon cocotier s'y sentent tellement bien. Ils poussent sereinement et se régalent de la chaleur du radiateur, se laissant caresser par les fantastiques rayons du soleil de décembre.



C'est souvent ainsi au royaume de la musique. Au commencement des commencements, il y a un coup de foudre, un choc sensoriel qu'aucune explication rationnelle ne peut (ni ne veut) étayer. Cette fois, c'est en découvrant la version originale de Sunshower (Ron Carter).


Sa force tellurique suffit à déclencher un mécanisme souterrain qui met en branle le moteur - impossible à localiser -  d'une démarche incontrôlable et psychotique. Traduction dans les faits ? Obsessionnel, je me sens investi, habité lorsque bien malgré moi je commence à chercher comme des poux dans l'inextricable chevelure de mes femmes dans les rayons du passé pour retrouver de nouveaux échos amoureux, autant d'ondes sensuelles nées de cette expérience unique. Une quête éperdue je vous dis.

Voici un premier florilège d'autres interprétations, bains de soleil musicaux et régénérants qui permettent de mieux apprécier les nuances, les aspérités, les contradictions merveilleuses du thème original. Ma douche de soleil à moi !