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samedi 22 mai 2021

Eastern Sounds. Yusef Lateef 2013

 

La première image ? L'annonce de sa mort un matin de décembre 2013. Dans la rue Clavel derrière le square. On vient de rentrer du Pays Basque pour s'installer à Paris.  

Yusef Lateef serait aux âmes ce que la pluie est aux claquettes. Eastern Sounds Forever. C'est quand il nous a quitté qu'en faisant mes petites recherches je me suis amouraché d'Eastern Sounds. Discret mais humblement profond.





Et puis il y a Morning que je réécoute sans cesse... On devine les bruits de la grande ville qui s'éveille, l'Homme se déploie, sa carcasse est lourde mais il faut repartir ou s'en revenir. Le énième tour de piste pour exister jusqu'à la prochaine saison sèche, on respire moins bien, on a oublié ce que c'est que de n'avoir mal nulle part, on a mal, on vit mal peut-être, mais on vit, on est là.

Nobu et les ténèbres 2021

Slippin' into darkness (WAR) a toujours imprimé derrière mes paupières la scène finale de La pluie des 7 jours. La première image ici c'est le panache de Nobu Tchelo sur l'axe lourd pour y tirer sa révérence... 

Ex champion de MMA, Nobu Tchelo a l'embarras du choix pour en finir. Mais lui veut partir debout, Avec sa fierté. Du panache.

A 50 ans sonnés, il en impose toujours, mais personne ne sait les piluliers (lui dit "piluviers", ça doit lui venir de ce que tout a commencé pendant une exceptionnelle saison des pluies par sa longueur), les cachetons qu'il s'enfile à longueur de journée, pour soigner le mal qu'il s'est administré pendant sa courte carrière, le risque d'AVC, d'aggravation de symptômes déjà patents, immense s'il venait à reprendre des coups.

Alors il trouve l'idée pour en finir. Il y a cette vieille dame au Carrefour non glacé, bondé à l'heure de pointe le vendredi soir. Il la pousse en prenant soin de ne pas lui faire trop mal et s'empare de son sac. Il s'éloigne mais pas trop vite. Elle hurle.

La foule protectrice, vengeresse, s'organise, se déploie, concrétise des rêves endormis de sang, de feu et de déflagrations.

Nobu se met en garde, un sourire en coin, il va exorciser, expier leurs fautes, mourir en combattant. C'est ce qu'il fait de mieux.

Sa Bande Originale c'est SLIPPIN INTO DARKNESS dans la sauce, dans sa sauce, à toutes les sauces... De Marcus Miller à Rhoda Scott in Saint-Germain-des-près en passant par War naturellement...

  





jeudi 20 mai 2021

Pour quelqu'un que j'aime. Abidjan 1980. L'Eden de Francesca

 

La première image ? Albox. Tout près d'Almeria. Mamie Françoise. Ses "Si Si" lancés à la cantonade, Le sud de l'Espagne dans chaque soupir. L'Andalousie du bout de ses doigts. Une démonstration de castagnettes. Le souvenir vivace des habitations troglodytes d'Albox. Sa sécheresse, sa végétation exsangue (une arrière arrière grand mère y serait morte de faim), tout ce qui par effet de miroir renversé justifie l'amour vrai de Francesca pour le climat fertile d'Abidjan, son jardin fleuri, coloré, la verdure, la luxuriance, son jardin d'Eden au bout d'un long voyage. Ma petite Ulyssette d'amour.

Je suis arrivé à Roy Ayers par le Xylophone et au Xylophone par le Balafon. Et probablement au Balafon par le Txalaparta qui doit couler quelque part dans mes veines. N'a-t-on pas inventé mes copains et moi un soir de griserie douce la guitare-djembé durant nos années Lilloises ? Même procédé défoulatoire, même abécédaire d'une langue à inventer. 

Ce sont des instruments que j'adore sous toutes leurs formes depuis longtemps. Mélange de percussion et de touches sonores de piano. Avec la notion de pilon et de verticalité pour le Txalaparta qui semble provenir de la nuit des âges. Moyen de communiquer d'une vallée à l'autre, d'une colline à l'autre pour prévenir d'un danger, pour annoncer un heureux évènement... Du rythme et de la mélodie. La vie qui bat. Son écho lointain filant vers notre présent.

Après Roy Ayers, mes recherches au rayon Jazz m'ont amené à découvrir d'autres rois du Xylophone. Il y eut Bobby Hutcherson puis Milt Jackson et cet album Sunflower. En particulier ce morceau follement doux pour les oreilles et l'âme.... For Someone I love.

Album enregistré en 1972. Milt Jackson nous a quitté en octobre 1999. Juste avant l'avènement du nouveau millénaire. Quand Mamie Francesca vient à me manquer, je l'écoute. Quand l'amour vient à manquer je l'écoute, quand  je me raréfie, que je m'absente au monde, je l'écoute et parfois, sans prévenir, des notes d'amour rejaillissent comme l'écho d'un Txalaparta ou de castagnettes, depuis le sofa calé sur la terrasse couverte contre la baie vitrée. Papa et Francesca y sont assis, côte à côte, fascinés par le jeu candide de la pluie qui danse et chante, éveille chaque petit recoin de ce jardin fleuri de Cocody qui fut l'Eden de Francesca.



mercredi 19 mai 2021

Rédemption 2004

La première image ? Séquence clé d'un film, son final. Le héros a traversé comme une ombre sa vie, il est accusé (il s'est accusé ?) de crimes qu'il n'avait pas commis. Il achève son périple, cette quête sans fin d'une explication, dans le lieu possiblement le plus sécurisant de l'univers,  la caverne, le cocon, et découvre que l'origine du mail se terrait là. Il comprend et se libère de ses chaînes mentales. Donald Byrd avec Redemptor donne à voir ce lieu molletonné, rassurant et qui finit par ouvrir les yeux du héros sur cette impression qui n'était comme souvent qu'une apparence, une cape d'invisibilité, une peau, un trophée peut-être.    

 

Alors que le soleil est au zénith, dans cet appartement tutoyant les cieux, le héros peut enfin dire ce qu'il a sur le coeur et déclame ce poème aux accents déchirants... Were you there when they crucified my lord ! Façon de dire à l'être aimé qu'il n'est pas dupe de tout ce qui s'est joué en apparence à son insu.

La version la plus fantastique à mes yeux étant celle de Max Roach





dimanche 16 mai 2021

Qui va payer les réparations de leurs âmes ? 1993

 

La première image ? Une pirogue sur la Lobé. Allez comprendre ! je remonte le fleuve. Le premier album de Gil Scott-Heron et déjà son plus beau morceau, le plus pur, le plus brut, le plus poétique, le plus politique, le plus immortel... De la voix, des Djembés, un rythme et le message universel de ce que l'on se coltine une vie durant mais qui n'est pas toujours de notre fait... Alors on aime à se demander qui va réparer, qui viendra s'excuser. Mais personne, c'est bien. connu, ne vient jamais demander pardon, alors la libération elle vient toujours de soi-même, de sa capacité à se pardonner ses propres erreurs qu'elles aient été stimulées, entraînées par d'autres que soi, c'est toujours en soi que le chemin peut s'ouvrir.

Avant que Gil Scott Heron ne tire sa révérence, il nous a gratifié d'un dernier album fantastique qu'on se doit de redécouvrir aussi pour entendre tout ce que sa voix transmet d'histoires tragiques, d'anecdotes un peu folles, de souffrance mais de beauté, de divine beauté. Je pense toujours en l'écoutant à la tristesse que j'éprouve en entendant les voix de mes idoles du Noble Art de la fin des années 80 : Meldrick Taylor, Terry Norris ou Thomas Hearns. Ces boxeurs jadis vénérés et qui souffrent aujourd'hui dans leurs chairs pour sortir ne serait-ce qu'un son audible lorsqu'ils s'expriment. Qui paye leurs réparations à eux ?

Il y a quelque chose de commun aux (vrais) artistes et aux boxeurs. Ils ne trichent pas. Le Noble Art et la Musique ont beaucoup à voir ensemble. Mêmes sacrifices, mêmes dons de soi, même démarche totale pour donner en pâture sa profonde intégrité à ses semblables. Y laisser sa peau sans compter en nous inspirant nous autres. Christique. Leur déchéance, notre salut. C'est donc nos fautes qu'ils rachètent, nos manques nos lâchetés qu'ils payent de leurs vies.




samedi 15 mai 2021

Dans les steppes de mon asile central. 2021

Asile de mes passions, la musique. S'envoler. Franchement, la musique classique avec le recul, elle est venue dans mes oreilles puis dans mon coeur avec le cinéma. Avec des images, avec des épopées, avec une émotion dingue, tour à tour contagieuse puis inquiétante.

Melancholia, Excalibur (Orff, Wagner)

Orange Mécanique (Beethoven)

Platoon (Barber)

Shining (Berlioz)

Ces derniers temps, celle qui m 'emmène loin dans des rêveries "NikitaMikhalkoviennes"c'est Borodin et ses Steppes de l'Asie centrale.



lundi 10 mai 2021

Hikoa Masse. Seaside Legend. Légende Balnéaire. Kribi 2010


 La première image ? C'est Kribi, le temps d'un week-end. Hikoa Masse. Tournage de ce petit court-métrage. La première musique fut Maggot Brain. C'est ce que j'avais en tête. Lez court-métrage est toujours de ce monde. Alors les images, les voici. Elles se passent de commentaires.   

 
















mercredi 5 mai 2021

AAAh le petit vin blanc en ce bel été 2020. Urt


La première image ? c'est Papy qui chante Ah le petit vin blanc dans sa maison de repos de Cambo-Les-Bains.  Quelle voix, quel chanteur il aurait fait. Un talent que je ne lui connaissais pas. 

L'été dernier, 2020, Papy est venu profiter d'un BBQ. Il conduisait encore. On était allé pêcher avec lui côté Landes, vers Tarnos sur les bords de l'Adour, pas loin de l'embouchure.

Nahia y avait même péché ses premières anchois. La transmission invisible se joue dans ces petits moments magiques, fragiles....  

Longtemps, plus jeune, les étés s'étaient succédés en famille dans ce jardin déjà, et c'est Papy qui était alors préposé au BBQ.

Les temps changent, les rôles évoluent, évidemment, la maison, elle, est toujours là. Témoin silencieux de cette interminable ronde estivale. Les forces quittant les uns, s'emparent des autres. Vase communiquant. Nul besoin de mots pour comprendre ce qui se trame.

Et cette maison, j'y repense, aura vu défiler ma famille, puis celle que je me suis construite avec des amis, enfin celle que j'ai fondée avec mes 3 amours. Tout ce temps, le vin, blanc ou pas, aura coulé, fait honneur, grisé, accompagné ces moments de joie se succédant les uns aux autres dans une interminable ronde.










samedi 1 mai 2021

Sunny mais corsé 1987

La première image ? Un été 87 en Corse. Une version disco, gaie, entraînante. les pieds dans le sable comme plus tard au Blue Cargo

Avant l'été, vous rêvez qu'il fera beau, qu'on y sera beau, que le soleil pénètrera votre peau, diffusera ses gentils rayons à l'intérieur pour y réchauffer votre petit coeur. 

On est souvent déçu. C'est pourquoi il ne faut rien attendre, rien anticiper de trop merveilleux. Accepter que le soleil puisse se faire oublier, se nicher dans la grisaille, s'éclipser quand bon lui semble. Mais attention, il est là tout le temps, on le devine, on le sait présent même quand le soir, la cheminée refoule, vos vêtements puent, vos yeux sont rouges, vous toussez, et puis sans comprendre le froid est arrivé. Il pleut dehors, un arbre est tombé. Rien de tout cela n'est le bonheur que vous attendiez. Soudain le soir, sous l'édredon, des pieds chauds raniment, réveillent vos chevilles glacées en les caressant timidement. En voilà du bonheur. Fragile instant dans la tempête. 

J'ai fait deux étés en Corse. 1987. 1988. Ca sentait le pin, pas d'embruns, tout était sec, le soir on dansait sur Boney M, sa disco sur le sable, Sunny notamment. C'est beaucoup plus tard que j'ai appris à découvrir et préférer les facettes douce-amères, mélancoliques de ce morceau dont je ne me lasse pas d"écouter les versions dissemblables et si langoureusement hypnotiques de Bobby Herb,  George Benson ou James Brown.

On y trouve cette facette plus complexe, on y devine ces tristesses des "dark days" que l'on tait en société, où l'on veut faire bonne figure, espérant que l'été comme la vie seront ce qu'on en attend fébrilement. Mais puisqu'on ne maîtrise rien, pourquoi s'afficher heureux, en contrôle (les vertus de la photo qui fige, qui empaille, qui saisit en vidant de sa substance... le mouvement) ?

Les réseaux sociaux prolongent cette idée folle qu'il ne faudrait s'afficher que bronzé, heureux, entouré, photogénique, #nofilter... Mais alors montrons verrues, coupe-rose, cancers, anémies, dentiers. Nos effondrements, nos visages détruits, nos physiques à la dérive. C'est ça la vie. tout ce qui se joue sous la surface. Derrière les "profils".        

     


Suivre ses humeurs. 1987. Vias. 2011. Urt

La première image ? Une route dans l'arrière pays niçois, vers l'Hérault. Un été. 1987. Maman au volant. On se recueille sur  la tombe de Mamie Françoise. A Vias.

On est passé par le Château de la Jourdane dont Amador (l'époux de Mamie Françoise, mon arrière Grand- Père maternel) était le jardinier. 

L'une des cassettes ne cesse de me mettre et me remettre dans le crâne la voix fantastique de David Bowie. Let's Dance et China Girl.


J'adore de cette époque aussi Absolute beginners.

J'ai retrouvé à la cave Urtoise en 2011 de petites pochettes rectangulaires destinées à servir de fiches d'identité pour nos vieilles cassettes de l'époque. Comme celle de Bowie de l'été 1987. Créées par ma mère et ma tante, elles sont découpées sur le même format dans des journaux des années 70 et 80. Ca crée un climat très particulier. Décalage tout en impressions curieuses.

C'est la naissance d'une inspiration. De nouvelles directions pour une création qu'on se ré-approprie. Je vais en faire des tableaux, des affiches de films qui n'existent pas, enfin que dans ma tête. 

C'est peut-être ça le vrai "patrimoine", l'héritage en partage qui doit se renouveler, partir vers de nouveaux horizons, avec ce qu'on est soi-même. Respecter, honorer, faire vivre, mais ne pas oublier de rester ce qu'on est, d'y mettre de soi.    

 Humeurs by tenebrae nectaris