La première image ? Le combat de boxe qui m'a inoculé le virus ? Hearns Hagler probablement. La boxe est noble à bien des égards. Les contraintes comme ailleurs vous subliment. Ne pas pouvoir utiliser ses jambes, sa tête , ses coudes, ne pas pouvoir entraîner l'autre au sol, ne pas le frapper au sol... Tout ce carcan de règles et de valeurs qui fait ressortir le meilleur des 2 combattants et fait remonter à la surface un peu de ce que l'humanité recèle de divin.
Parmi les chansons que j'y associe il y a Nougaro c'est cartain et ses quatre merveilleuses boules de cuir.
Alors où en est la Boxe ? A l'heure de Fury-Ngannou. Au fond, vu de l’extérieur, Fury-Ngannou
c’est d’abord une exhibition, une mascarade, sorte de Alien VS Predator mais
chez les humains. Donc une vitrine sans chair, sans guts, sans ce qui fait le
sel de ce sport un temps matière à tant de rêves. A mieux y
réfléchir, il prouve qu’on peut gagner en ayant un physique de bouffeur de pop-corn
sur son canapé. On peut gagner sans bosser d’un côté, on peut participer sans
faire ses classes de l’autre. Mais visuellement, C’est tout ce qui compte. Les
physiques musculeux à la Holyfield ont vécu, y en a marre ; tout ceci
manque d’imagination. L’imagination se niche dans les courbes grasses et le
sourire enjôleur de Tyson Fury.
La première image ? Une scène de théâtre observée depuis les coulisses. Le rideau tombé, le brouhaha du public que l'on perçoit à travers et qui vous picore le palpitant.
Dans le filage, dans la
répétition générale, il y a le vertige, c’est l’entraînement des petits fauves
hilares avant la première chasse. Ce sentiment du vide qui nous étreint. Mais
pour être « en forme » le jour J, il faut s’écouter, écouter ses yeux,
son nez, son ventre qui pousse, les douleurs sous les pieds, car l’énergie est
encore là... Pour repartir du bon pied. Avec allant, avec envie. Avec le désir.
Ca et les listes qui vont bien… Le corps, l’esprit, les projets, ton tel,
les courriers, organisé, focused, avancer sur ce qui va se faire. Ne rien
négliger. Ne pas baisser de rythme. Ni les bras !
La première image ? Mes pas. L'un après l'autre. Un trottoir incliné encore artificiellement éclairé aux aurores dans le 20ème arrondissement.
J’écoutais ce matin sur le chemin du travail le
précepteur, toujours passionnant et cette fois sur Hegel dont j’ai écouté
aussi la prose au sujet de la dialectique il y a peu et le besoin de reconnaissance… d’être remarqué,
d’extraire le JE de la masse informe du monde tel qu’il va. Hyper intéressant.
Sur ce qu’on échine à faire pour exister. Pour que sa conscience soit reconnue
à sa juste valeur.
Et je repense à tous ces moments
où on n’ose pas dire ce que l'on pense, où l'on auto-réïfie, où l'on fait comme sa
mère voudrait qu'on fasse… un objet qui est là comme son reflet pour lui
alléger l’âme et l’égo. Un objet lourd et pesant qui est là pour la satisfaire.
Et vous vous auto-mutilez, c’est logique ; et les doigts, et la voix, et les
goûts…Qu’est-ce qui te fait envie là maintenant ? Ecoute-roi et fonce… va
vers ton risque… Aime ce que tu aimes…
Cette île flottante, dessert de
mon enfance, est revenue en grâce il y a peu et j’ai compris que cette île c’est
ce moi qui résistait dans sa crème anglaise, sous la carapace, ce coeur qui
battait tout ce temps. C’est passionnant parce que tout part de là. Rester qui
on est. Faire ce qu’on aime. Manger quand on a faim. Boire quand on a soif.
Dire quand on aime. Aimer comme on se quitte. Tout ce qui fait que tu sais
pourquoi tu es là maintenant et la seconde d’après. Si vous ralentissez, le temps ralentit. Si vous fermez
le livre de temps en temps vous pouvez y revenir plus fort. Avec plus
d’appétit. Tout est tant qu’on se souvient que la vie c’est la perception par
les sens d’une réalité qui semble être ce qu’elle est mais qui ne l’est
peut-être pas. Relativité de chaque point de vue. Perception tronquée de la
réalité pleine et entière. Identité qui ne serait qu’une construction basée sur
les expérimentations de chaque nouvel instant de l’existence. Alors il faut
s’en extraire, fermer le livre, respirer, réfléchir puis y revenir, pas à
reculons pour porter un regard neuf et plein de vie, d’envie, de conscience,
d’affirmation de soi. Comme partie du tout. Mais comme partie du tout qui a des
choses à défendre à commencer par affirmer ce qu’il aime, ce qu’il aspire à
devenir. Etre soi. Ne pas se faire obscur objet du désir des autres.